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La banque Arkéa court-circuite les élus du personnel

11 septembre 2019 – Laurent Mauduit

Si le projet de scission que veut organiser la banque est au point mort, le climat social est plus que jamais dégradé. Multipliant les initiatives antisyndicales, la direction veut contourner les représentants du personnel pour construire un réseau de volontaires à sa main, chargés d’identifier les situations de mal-être au travail.

On aurait pu penser qu’en cette rentrée la banque Arkéa allait enfin connaître un climat social un peu moins délétère qu’au cours des mois précédents. Car le projet hautement risqué de scission que caressait depuis longtemps le président de l’établissement, Jean-Pierre Denis, pour se désaffilier de la Caisse nationale du Crédit mutuel (CNCM), et qui inquiète tant les syndicats, est encalminé. Même si la direction de la banque joue des muscles et fait croire qu’elle va poursuivre sa périlleuse aventure, elle n’ose pas franchir le pas, face aux mises en garde et injonctions de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque de France ; et tout le monde a compris que le patron de la banque était sans doute fort en paroles mais beaucoup moins dans les actes. Un répit qui aurait donc pu au moins avoir pour effet de détendre des relations sociales très dégradées au sein de l’entreprise.

Et pourtant, non ! La direction des relations humaines de la banque vient de prendre une initiative qui inquiète vivement les élus du personnel et les syndicats. Elle a, en effet, annoncé aux salariés qu’elle avait l’intention de court-circuiter les représentants du personnel pour mettre à la place un réseau à sa main implanté dans toutes les unités de travail et supposé l’alerter sur le climat interne de l’entreprise.

Comme on le voit dans le document ci-joint, un appel à candidature a été lancé pour recruter « une soixantaine de collaborateurs volontaires » qui devront être « à l’écoute des collaborateurs pour évoquer des situations individuelles ou collectives en lien avec les risques professionnels (mal-être, harcèlement présumé…) pour qu’elles puissent être traitées et donner lieu à des mesures de prévention et de sensibilisation ».

Dans un document interne (on peut le consulter ici (pdf, 96.7 kB)), la direction des relations humaines détaille la mission du « relais bien-vivre au travail », en expliquant sans la moindre ambiguïté que ledit « relais » exerce son activité « sous la responsabilité de son responsable hiérarchique ». En clair, ce ne sont pas des représentants du personnel, disposant d’un statut protecteur, mais des agents de la direction.

Même si les documents internes ne le précisent pas, le but de la direction de la banque est donc de mettre sur pied un système qui contourne totalement les missions de défense des salariés qui étaient autrefois dévolues au Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et qui sont désormais confiées aux Comités sociaux et économiques (CSE), fusions de toutes les instances représentatives du personnel découlant des ordonnances Travail-CSE qui doivent être mises en place dans toutes les entreprises au plus tard le 1er janvier 2020.

La direction de la banque cherche donc visiblement à mettre à profit ce bousculement législatif en mettant en place un réseau totalement à sa main. Les syndicats de la banque sont d’autant plus inquiets que dans le même temps l’instauration du CSE se passe mal. « Le gouvernement avait prévu un socle minimal pour laisser place à une négociation honnête et loyale, construite avec les organisations syndicales. Problème : la direction se borne à la loi et rejette la quasi-totalité des propositions formulées par les organisations syndicales, preuve du peu d’estime réelle qu’elle a pour ses salariés et leurs représentants », s’indigne ainsi un tract de l’intersyndicale (CFDT, CGT, CGC et Unsa) que l’on peut consulter ici (pdf, 226.0 kB).

Sous le couvert de l’anonymat, un dirigeant syndical est encore plus sévère : « J’y vois pour ma part, au travers de l’ampleur et des moyens qui seront consacrés, la mise en place d’un système de surveillance des salariés, à qui il ne sera sans doute pas facile de faire des confidences ou tout simplement de parler sincèrement. On peut déjà prédire que les remontées de ces “missionnaires” seront bonnes voire excellentes tant la pression de conformité sera forte. Il ne sera pas bon évidemment de se distinguer par une équipe démotivée en raison de la surcharge de travail pas plus que ne pourra être bien vue l’expression d’un mal-être dû à la pression d’un quelconque petit chef. Nous sommes pour notre part ahuris du lancement de cette initiative qui est avant tout une opération de communication interne. La DRH va se déconnecter de plus en plus de sa réalité sociale. Elle va encore un peu plus se rendre aveugle aux situations de travail compliquées voire dangereuses. »

L’intersyndicale a donc décidé d’écrire à la ministre du travail, Muriel  Pénicaud, pour la saisir d’une situation sans doute sans équivalent dans une entreprise de cette taille (10 500 salariés, filiales comprises). Grâce à des sources parisiennes, Mediapart a eu connaissance de ce courrier que l’on peut consulter ici (pdf, 202.9 kB). Selon nos informations, le ministère a donné suite à cette lettre et un rendez-vous devrait être organisé dans les prochains jours.

Cette mise en place d’un réseau d’informateurs à la main de la direction prend d’autant plus de relief que la banque a multiplié les initiatives antisyndicales ces dernières années. Cette guerre menée contre les organisations syndicales et les représentants élus du personnel dans les différentes instances de la banque avait déjà pris une première forme, spectaculaire, avec une manifestation à Paris organisée par un collectif de salariés dont les ficelles étaient tirées en sous-main par la direction de la banque (lire ici). Les salariés avaient donc été conviés en 2018 à une manifestation patronale, tous frais payés, salaires compris, pour soutenir le projet aventureux de Jean-Pierre Denis.

Mais après cette première offensive contre les représentants élus du personnel, une deuxième s’est produite, peu après. Elle avait pris la forme d’un mail adressé par le même collectif de salariés, animé par des cadres dirigeants de la banque, dénonçant l’intersyndicale de la banque supposée être « cornaquée » par la CNCM, et « agitant des peurs » ; ce collectif mettait aussi en cause le « parti pris » de Syndex, le cabinet d’audit mandaté par le comité central d’entreprise pour examiner le projet de scission (lire là).

Dans la guerre contre la CNCM, la direction d’Arkéa a donc choisi de faire une trêve, à moins qu’elle n’ait rendu les armes sans le dire ; mais dans sa guerre contre les syndicats et les représentants du personnel, elle repart visiblement à l’offensive. Étrange banque qui semble ne savoir vivre que dans le conflit permanent…

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Les banques empêtrées dans leurs réseaux d’agences

Par Véronique Chocron  09-09-2019

BNP Paribas veut ouvrir ses agences plus tard le soir, jusqu’à 19 heures, alors que les enseignes baissent aujourd’hui le rideau avant la sortie des bureaux. Depuis 2011, le nombre de succursales en France ne cesse de baisser.

« La banque est le dernier commerce de proximité aussi peu adapté à la vie des urbains. » C’est avec cette formule qu’une agence de communication mandatée par LCL avait annoncé, en octobre 2018, l’ouverture jusqu’à 20 heures de plusieurs agences de l’ex-Crédit lyonnais, à Paris et en région. Le test a duré trois mois. « Une expérience unique », dans la mesure où « dans les villes, la majorité des commerces de proximité ferment de plus en plus tardivement, alors que les banques ont en moyenne une amplitude horaire de 9 heures à 17 heures, avec une interruption en milieu de journée », avait alors indiqué l’établissement, dans un communiqué.

Tandis que LCL fait aujourd’hui savoir qu’elle est encore en train de tirer le bilan de cette expérimentation, d’autres banques veulent, elles aussi, adapter leurs horaires d’ouverture. BNP Paribas a ainsi lancé une négociation avec les représentants syndicaux de son réseau à Paris, afin de pouvoir ouvrir ses succursales jusqu’à 19 heures. L’objectif est « d’augmenter le business et de développer le parc de clients », affirme la CFDT des agences parisiennes dans un communiqué publié sur le site du syndicat. « Les agences qui proposeraient une nocturne ne seraient plus ouvertes le samedi après-midi, un créneau où l’affluence reste faible, avec peu d’activité à la clé », observe un syndicaliste.

« Le contexte économique est compliqué aujourd’hui pour les banques, avec les taux très bas. Il faut donc chercher à s’adapter aux clients et à se différencier des autres établissements, explique un élu parisien du SNB-CFE-CGC, première organisation syndicale chez BNP Paribas. Mais pas à n’importe quel prix. Nous défendons aussi la qualité de vie au travail, car beaucoup de conseillers clientèle n’habitent pas à Paris. »

« Réflexion stratégique »

Les discussions devraient aboutir à l’automne, mais si la direction de la banque n’obtenait pas l’aval des organisations syndicales, elle pourrait dénoncer le protocole d’accord sur les horaires variables. « Une réflexion stratégique est ouverte sur les horaires d’ouverture », mais « aucune décision n’a été prise », a réagi un porte-parole de BNP Paribas. Le Crédit mutuel conduit également « des expérimentations », reconnaît un porte-parole du groupe. Certaines agences testent notamment depuis peu l’ouverture de leurs guichets jusqu’à 19 heures, deux fois par semaine.

Pour les groupes bancaires, il s’agit de faire revenir le chaland dans leurs murs, où est encore réalisé l’essentiel des ventes

Pour les groupes bancaires, il s’agit de faire revenir le chaland dans leurs murs, où est encore réalisé l’essentiel des ventes, bien loin devant les achats de services sur leurs sites en ligne. Le grand soir de la banque numérique n’a pas encore eu lieu, puisque, selon le consultant Guillaume Almeras, fondateur du site spécialisé score-advisor.com, au moins 80 % des entrées en relation avec de nouveaux clients se font encore en agence.

Et ce, même si, en l’espace de dix ans, les guichets se sont vidés de leurs clients, sous l’effet conjugué de l’automatisation (distributeurs de billets, envoi des chéquiers et des cartes bancaires par La Poste, dépôts de chèques par boîte à lettres, etc.) et de l’utilisation des applications bancaires sur smartphone pour les opérations les plus courantes (consultation des comptes, virements…). Les banques en ligne, avec leur tarification bon marché, ont participé de cette désaffection, en attirant des clients, y compris sur des services à valeur ajoutée comme le crédit immobilier ou l’épargne financière.

Après avoir mesuré, année après année, l’effondrement du taux de fréquentation des points de vente, la Fédération bancaire française (FBF) a finalement renoncé à suivre cet indicateur. S’appuyant sur les données d’une trentaine d’agences issues de trois réseaux bancaires, Guillaume Almeras estime qu’un quart des clients se rendent désormais moins d’une fois par an dans l’agence qui détient leur compte principal. « Pour l’essentiel de la clientèle, la fréquentation de l’agence devrait se stabiliser autour de deux ou trois visites au maximum par an », ajoute-t-il.

Les banques cherchent donc un équilibre : d’un côté, maintenir un réseau d’agences suffisamment dense et plus adapté au rythme de vie des Français, pour générer des revenus ; de l’autre, fermer les points de vente jugés peu rentables. Même si les restructurations sont d’ampleur variable, les banques commerciales comme les mutualistes taillent désormais dans leurs réseaux.

Recherche constante de mesures d’économies

Au cours de la décennie, le nombre d’agences bancaires en France n’a cessé de décroître, pour s’établir à environ 36 500 points de vente à la fin de 2018, soit 2 300 agences bancaires de moins qu’en 2010, d’après les données de la Banque centrale européenne. Dans les pays voisins, le mouvement s’est révélé beaucoup plus violent. Au cours de ces dix dernières années, la zone euro a perdu plus d’un quart de ses agences bancaires, avec une diminution des guichets de 25 % en Italie, de près de 30 % en Allemagne, d’environ 40 % en Espagne et de plus de 50 % aux Pays-Bas.

Si les banques françaises agissent avec davantage de modération, elles n’en ont pas pour autant terminé avec les plans de fermetures. La recherche constante de mesures d’économies se poursuit, dans un contexte de taux d’intérêt très bas, voire négatifs, qui réduisent les marges sur les crédits et rendent coûteux les dépôts dormant sur les comptes courants.

La Société générale, après deux restructurations lancées en 2015 puis en 2017, a prévu de limiter son réseau à 1 700 agences en 2020. BNP Paribas, dotée d’un peu plus de 1 800 points de vente, continue d’en fermer plusieurs dizaines chaque année. Pour le patron d’une grande banque à réseau française, le seuil minimum « pour mailler le territoire » s’élève à 1 000 agences. Villes et villages n’ont donc pas fini de voir leurs banques baisser le rideau.En Allemagne, deux banques concurrentes font agences communes

Deux institutions financières concurrentes en Allemagne viennent d’annoncer l’ouverture d’agences partagées, relate l’AFP. C’est une première, alors que se multiplient les fermetures de points de vente. La banque mutualiste Frankfurter Volksbank et la caisse d’épargne Taunus Sparkasse, opérant près de Francfort, comptent lancer cette année leurs dix premières agences occupées en commun, des « Finanzpunkte », qui seront portés à vingt-six d’ici à 2021. Il s’agit de « réduire les frais fixes et partager les investissements », a justifié le président de la Taunus Sparkasse. « Nous utilisons des espaces communs, mais restons, bien sûr, concurrents », a précisé la directrice de la Frankfurter Volksbank.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/09/les-banques-empetrees-dans-leurs-reseaux-d-agences_5508095_3234.html

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Arkéa. La fédération du Massif Central sur le départ © Le Télégramme

Publié le 05 septembre 2019

Hostile à l’indépendance, le Crédit mutuel Massif Central va pouvoir officiellement changer de camp et rejoindre à l’est le Crédit mutuel Alliance Fédérale (ex-CM 11-CIC). Le Crédit mutuel Arkéa annonce, ce jeudi, en effet qu’un protocole d’accord visant à définir les modalités de sa séparation avec la fédération du Massif Central a été signé. Le groupe breton précise que cette opération interviendra au 1er janvier 2020. « La signature de ce protocole est le résultat du processus de négociation engagé depuis février dernier avec le Crédit Mutuel Alliance Fédérale et la fédération du Crédit Mutuel Massif Central, dans le respect du principe fondamental d’autonomie de décision des caisses locales; les caisses locales du Crédit Mutuel massif central ayant exprimé leur volonté de changer de caisse interfédérale », détaille Arkéa, dans un communiqué.

Arkéa ajoute, par ailleurs, que ce processus de négociation « s’est déroulé dans un climat respectueux de chacune des parties et de bonne foi. Il est le reflet des relations constructives que le groupe Arkéa souhaite instaurer avec les dirigeants de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, dans le cadre des discussions à venir sur le processus d’indépendance du groupe Arkéa, dès lors que les échanges avec les superviseurs seront finalisés », conclut-il.

https://www.letelegramme.fr/economie/arkea-la-federation-du-massif-central-sur-le-depart-05-09-2019-12375683.php

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«Les start-up sont très mal préparées à gérer une procédure de dépôt de bilan ou de redressement judiciaire»

4/9/2019

Fin janvier 2019, Finamatic, une plateforme en ligne créée en 2015 par Cédric NicolasBenjamin Dresner et Axel Dreyfus, qui identifiait les financements auxquels un entrepreneur ou une société étaient éligibles, est entrée en liquidation judiciaire. «Nous avons eu jusqu’à 300 clients en 2017», confie pourtant Cédric Nicolas, qui a depuis rebondi pour devenir CTO de Connecthings. Que s’est-il passé?

«Ne jamais s’appuyer sur un seul cheval»

Début 2018, l’entreprise a entamé des discussions pour une levée comprise entre 2 et 2,5 millions d’euros menée par Crédit mutuel Arkéa. Mais après huit mois de discussion, le tour est annulé à la suite du désistement de la banque, explique Cédric Nicolas. Une décision qui prend Finamatic de court et laisse la jeune pousse sans solution. Mais l’entrepreneur reconnaît que la start-up a commis des erreurs, comme celle de s’être concentrée uniquement sur cette opération alors qu’elle avait des propositions provenant d’autres investisseurs.

«Il ne faut jamais s’appuyer sur un seul cheval, même si ce dernier semble solide, tant que ce n’est pas signé». En effet, pour la start-up qui souhaitait opérer un rapprochement industriel lors de ce tour de table, Arkéa semblait être le partenaire idéal. «Il y avait une vraie synergie industrielle possible, c’est ce qui nous intéressait. C’est pour cela que l’on s’est concentré dessus», développe Cédric Nicolas. «Les banques ont un problème structurel sur le marché du financement des professionnels. Elles ont un coût d’acquisition élevé, et en ce qui concerne les petits entrepreneurs notamment, elles ont beaucoup de mal à les rentabiliser, d’autant plus qu’elles sont en concurrence avec des néo-banques comme Qonto ou encore Shine. Il y avait donc un interêt à présenter un service d’accompagnement et de recherche de financement qui soit générique, au-delà du seul financement bancaire. La technologie qu’on avait développé les intéressait beaucoup».

Pivot et cycle de vente trop long

Benjamin Dresner, l’un des associés qui a depuis lancé une autre structure, Reversim, dédiée à l’accompagnement des entreprises dans leur acquisition clients, reconnaît aussi cette erreur, couplée à d’autres comme le fait d’avoir «accéléré trop tôt». «Forcément, dans ce cas, beaucoup d’argent rentre mais il ressort aussi assez vite. De plus, nous avions effectué un pivot, comme de nombreuses start-up l’ont déjà fait avant nous. Mais dans notre cas, c’était avec un financement assez faible». Finamatic a été lancé avec un capital de 20 000 euros et avait levé 1,5 million d’euros depuis sa création en 2015.

À la suite de son pivot, la société doit faire face à des cycles de vente trop longs. Son business model fonctionne désormais en B2B2B, avec des grands comptes. Plus de six mois s’écoulent en moyenne pour chaque vente. «C’est quelque chose que je déconseille aux boîtes qui sont en levée de fonds et ont un burn rate existant», développe Benjamin Dresner. «Si vous avez beaucoup d’argent et que vous allez avoir des clients captifs pendant 10, 20 ans, là cela peut être envisageable».

«Nous avions quand même 15 salariés au moment du dépôt de bilan. Et nous comptabilisions environ 1 million d’euros de dettes, c’est-à-dire l’équivalent du chiffre d’affaires de 2017», explique Cédric Nicolas. Même si, selon lui, la situation n’était pas catastrophique car ces dettes étaient de plusieurs natures (BPI, sociales) et étalées sur différentes périodes. Mais personne, ni les associés ou les actionnaires existants, n’étaient en mesure de pouvoir les éponger.

À partir de quand faut-il rechercher une aide extérieure?

De cette aventure, Cédric Nicolas tire aussi un constat: «les entreprises sont très mal préparées à gérer une procédure collective», explique-t-il. Une observation que partage Numa Rengot, avocat associé au sein du cabinet Aston et responsable du département restructuring. «Beaucoup d’entreprises ne sont malheureusement pas accompagnées ou sont mal conseillées par des personnes dont ce n’est pas spécifiquement le métier. Ces dernières pensent pouvoir les aider mais en réalité ne connaissent pas l’envers du décor. Elles ne savent pas mettre en place les outils nécessaires, qu’ils soient juridiques ou financiers, à l’anticipation des difficultés», explique-t-il

C’est le cas de figure dans lequel s’est retrouvé Finamatic avant de finalement décider de s’entourer d’une spécialiste. «Nous avons essayé de procéder à un redressement judiciaire mais celui-ci n’a pas été accepté car il était insuffisamment financé. Nous avons alors décidé de nous faire accompagner par une avocate. Elle nous a appris des choses dont nous n’avions pas conscience», explique Cédric Nicolas. D’ailleurs, à partir de quel moment un entrepreneur devrait-il prendre la décision de s’entourer pour faire face à une fragilité financière?

«Cela dépend de l’origine des difficultés de l’entreprise», répond Numa Rengot. Mais il identifie tout de même plusieurs grands cas de figures qui doivent amener les dirigeants à contacter des spécialistes. Il cite par exemple les tensions de trésorerie significatives: « Par exemple quand le chef d’entreprise commence à se demander s’il va pouvoir payer les salaires en fin de mois». Il y a aussi le cas où l’entreprise compte encore peu de clients et que l’un d’eux accumule des retards de paiement. Une situation qui peut particulièrement concerner une start-up qui à ses débuts dépend économiquement d’un grand compte.

«Nous possédons des outils juridiques qui permettent d’être contraignants pour ces clients», rappelle Numa Rengot. Enfin, l’avocat cite le cas où l’entreprise fait face à la dégradation de sa cotation Banque de France. «Il faut la surveiller car beaucoup de choses en dépendent, les assurances-crédits, la solvabilité auprès des établissements bancaires… Lorsqu’elle est dégradée au regard des résultats de l’entreprise, il faut avoir le réflexe d’appeler un avocat spécialisé pour enclencher des discussions afin de restaurer cette cotation».

Des procédures confidentielles peu connues

Finamatic s’est en effet rendu compte qu’il existait des solutions qui auraient pu lui convenir. «Il existe plusieurs mécanismes plus ou moins secrets qui permettent de placer l’entreprise dans une procédure de sauvegarde, c’est-à-dire de négocier avec un mandataire ad hoc un étalement des dettes, etc. Et il est clair que les entreprises sont totalement sous-informées de cet état de fait». Mais dans le cas de Finamatic lorsque l’avocate arrive, il est trop tard. Il aurait fallu enclencher ces processus six mois plus tôt.

«Les procédures de conciliation et de mandat ad hoc sont couvertes par la confidentialité absolue. Il n’y a aucune publicité qui est faite sur Infogreffe ou autre», confirmeNuma Rengot. Ces deux procédures ont pour objectif d’anticiper et de traiter les difficultés que rencontrent une entreprise. La seule modalité pour pouvoir y accéder est que celle-ci ne soit pas déjà en cessation de paiement. Le type de procédure est ensuite adapté à ses propres enjeux.

Mais ne pas se rendre compte qu’il existe d’autres solutions avant d’entrer dans une procédure de sauvegarde, de redressement ou de se retrouver en liquidation est une situation à laquelle les start-up en particulier peuvent facilement se retrouver confronter selon Cédric Nicolas. «Le problème c’est qu’elles sont à la recherche de fonds et se concentrent dessus. Ce n’est pas évident pour elles de se dire qu’elles sont en train d’avoir des difficultés financières. Elles hésitent ainsi à lancer des procédures sans que personne ne le sache. Alors que dans bien des cas, cela pourrait les aider à faire le bridge, car finalement le problème est le délai d’obtention des fonds, alors que le projet reste viable». Preuve en est dans le cas de Finamatic, puisque l’entreprise a réussi à revendre sa technologie au cabinet de conseil en innovation et en performance GAC, qui par la même occasion a recruté trois anciens salariés.

Sauvegarde, redressement… : 3 conseils clés de l’avocat Numa Rengot:

Pour rappel, ni la sauvegarde ou le redressement ne sont des procédures confidentielles mais peuvent sauver l’entreprise en la protégeant de ses créanciers et en mettant en place un plan pour la sortir de sa situation. En revanche, pour avoir recours à la procédure de sauvegarde, la société en question ne doit pas être tombée en cessation de paiement. Sinon, elle doit passer par le redressement judiciaire.

  1. Bien faire attention au choix de la procédure. «Car toute la réussite du plan va aussi dépendre d’où l’entreprise part et avec quelle procédure», explique l’avocat.
  2. Bien choisir son administrateur judiciaire. Comme le rappelle Numa Rengot, depuis la loi Pacte, il est prévu dans le Code de commerce la possibilité pour l’entreprise de le choisir. «L’avocat assiste le dirigeant mais il n’y a pas que lui. L’administrateur compte également énormément dans ce type de procédure. Il faut en choisir un qui est approprié à la problématique de l’entreprise».
  3. Avoir un «trésor de guerre». Numa Rengot conseille de démarrer ce type de procédure avec des ressources financières à disponibilité car leur déclenchement peut susciter des réactions assez brutales de la part de certains partenaires. Par exemple, des fournisseurs peuvent décider de ne plus accorder de délais de paiement ou les banques se mettre à dénoncer des concours bancaires. S’il est sollicité assez en amont, un spécialiste peut « mettre en place les outils financiers et juridiques qui permettent à l’entreprise de préserver de la trésorerie», explique Numa Rengot.
https://www.frenchweb.fr/decode-les-start-up-sont-tres-mal-preparees-a-gerer-une-procedure-de-depot-de-bilan-ou-de-redressement-judiciaire/373296
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Crédit mutuel Arkéa. Une rentrée sous tension © Le Télégramme

Le climat social se durcit au Crédit mutuel Arkéa. Une semaine après la publication de nouvelles « performances financières » par la direction, les organisations syndicales ont déploré le rejet de la quasi-totalité de leurs propositions dans le cadre des discussions sur les ordonnances de la loi Travail. « Derrière le marketing permanent du bien-être au travail et d’un dialogue social de qualité, ce qui se trame (…), c’est l’extension des horaires de travail, le détricotage de la convention collective et la suppression des acquis, pouvant aller jusqu’à la baisse des rémunérations », écrit l’intersyndicale CFDT-CGT-SNB-UNSA dans un communiqué.

https://www.letelegramme.fr/economie/credit-mutuel-arkea-une-rentree-sous-tension-02-09-2019-12372882.php

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Le Crédit Mutuel Arkéa s’associe à Discover Global Network

EMMANUEL MAYEGA – 29 AOUT 2019

Au terme de ce partenariat, le réseau de paiement Discover étend son maillage d’acceptation en France. De ce point de vue, les commerçants clients des réseaux de distribution du groupe Arkéa pourront accepter les cartes bancaires Discover, Diners Club International et celles des nombreux réseaux partenaires.

Discover Global Network et Arkéa ont signé un partenariat d’acquisition. Les cartes du réseau de paiement international seront désormais acceptées par les clients commerçants des réseaux de distribution du groupe Arkéa, dans les points de vente physiques, via les solutions monétiques d’acceptation de proximité (terminaux de paiement électronique), et en ligne, via les pages de paiement e-commerce. Les automates du groupe Arkéa référenceront également les cartes du réseau Discover pour les retraits en espèces.

Discover Global Network regroupe trois grands réseaux : Discover (cartes émises aux Etats-Unis), Diners Club International (cartes émises dans plus de 55 pays) et PULSE, ainsi que plus d’une quinzaine de réseaux de paiement de ses partenaires en Chine, au Japon, en Corée du Sud, en Inde, en Turquie et au Nigéria. Les cartes de ce réseau global sont aujourd’hui acceptées dans plus de 44 millions de points de vente et plus de 2 millions de distributeurs automatiques de billets. 

Dans le domaine de la banque et de l’assurance, Arkéa est un groupe français innovant, reconnu pour son ADN de précurseur. En signant un accord de partenariat avec le réseau de paiement Discover, Arkéa élargit son offre d’acceptation de cartes à destination des commerçants clients du Crédit Mutuel de Bretagne, du Crédit Mutuel du Sud-Ouest, du Crédit Mutuel Massif Central et d’Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels.

L’accueil des touristes étrangers et l’acceptation de différentes cartes de paiement sont de véritables enjeux pour les commerçants français. En leur offrant la possibilité d’accepter les règlements par cartes bancaires émises par le réseau de paiement global Discover, le groupe Arkéa accompagne les clients commerçants de ses réseaux distributeurs dans le développement de leurs projets et de leur chiffre d’affaires.

Il s’agit d’une offre d’acceptation multicanale sur l’ensemble du périmètre d’acquisition : paiement de proximité, e-commerce, automates. Ainsi, les clients bénéficiaires d’une offre de terminal de paiement électronique (TPE) auprès des réseaux de distribution du groupe Arkéa ou d’une page e-commerce (solution Citélis) seront en mesure d’accepter les règlements des cartes du réseau Discover. Pour les commerçants, ce sont de nouvelles opportunités de conquête clients et par conséquent de progression de leur chiffre d’affaires.

Selon Frédéric Laurent, Directeur général adjoint du groupe Arkéa, en charge du Pôle Innovation et Opérations, « c’est avec une grande fierté que nous annonçons le partenariat noué avec le réseau de paiement international de Discover Global Network. Cet accord permettra à nos clients commerçants de mieux accueillir la clientèle internationale. Arkéa se place au cœur de l’économie réelle : notre mission est d’accompagner les clients, et notamment les commerçants, dans la réalisation de leur projets et ainsi concourir à leur développement et à celui de nos territoires ». « La France reste toujours une destination plébiscitée par nos porteurs, d’autant plus que la France accueille, dans les prochaines années, de nombreux évènements de portée mondiale », a déclaré Amy Parsons, Senior Vice-Présidente de L’Acceptation Mondiale (Global Acceptance) chez Discover. « Arkéa est partenaire de beaucoup de clients commerçants importants à travers les régions de France où nos porteurs de cartes pourraient faire des achats lors de leur séjours ».

* les clients commerçants du Crédit Mutuel de Bretagne, du Crédit Mutuel Crédit Mutuel Arkéa du Sud-Ouest, du Crédit Mutuel Massif Central et d’Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels.

http://www.assurbanque20.fr/le-credit-mutuel-arkea-sassocie-a-discover-global-network/

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Banques : Groupe Arkéa dégage 244 ME de bénéfices au 1er semestre Alexandra Saintpierre, publié le 28/08/2019

(Boursier.com) — Le Conseil d’administration du groupe Arkea a arrêté les comptes du 1er semestre de l’exercice 2019. Le groupe Arkéa poursuit son développement et présente de belles performances ainsi qu’une solidité financière remarquable. Ces résultats confirment la pertinence de son modèle de banque coopérative et collaborative, au service de ses sociétaires et clients.

Après une année 2018 record, le 1er semestre 2019 confirme la trajectoire du groupe, avec une nouvelle fois de bonnes performances commerciales ainsi que des ratios attestant de la solidité financière du groupe.

Sur le plan commercial, le groupe Arkéa consolide ses positions. L’ensemble des indicateurs de performance progresse sur le 1er semestre 2019 :
– Le portefeuille clients est en hausse de 1,8% sur la période. Il s’élève à 4,6 millions de sociétaires et clients. Le groupe comptabilise ainsi 128.600 nouveaux clients.
– Les encours de crédits bruts progressent de 5,2% pour atteindre 59,5 MdsE. Cette augmentation est portée par une production qui s’élève à 7,7 MdsE au 1er semestre 2019 (6,3 MdsE au 1er semestre 2018), toutes familles de crédits confondues : crédits aux professionnels et aux entreprises, aux particuliers et aux collectivités.
– L’encours global d’épargne est également en hausse de 5,7% par rapport à fin décembre 2018 pour s’établir à 117,5 MdsE.
– Les primes des contrats d’assurance de biens et de personnes s’établissent à 208 ME, en progression de 11 ME par rapport au 1er semestre 2018 (+ 5,7%).

Le PNBA progresse de 3,1% par rapport au 1er semestre 2018, à son plus haut niveau historique, soit 1,1 MdE. Cette nouvelle hausse des revenus est portée notamment par les activités d’assurances et de gestion d’actifs du groupe au premier semestre 2019.

Au 30 juin 2019, le résultat net part du groupe s’établit à 244 ME, équivalent à celui du 1er semestre 2018, qui constituait un record.

Le coefficient d’exploitation reste stable sur les 5 derniers arrêtés semestriels, et s’établit à 69,2% au 30 juin 2019, confirmant la croissance rentable du groupe.

Le ratio de solvabilité Common Equity Tier One, qui s’élève à 17,5%, est toujours largement supérieur aux exigences règlementaires et parmi les plus élevés de la place bancaire.

Le total de bilan du groupe Arkéa augmente de 9% par rapport au 31 décembre 2018, pour atteindre 147,4 MdsE.

https://www.boursier.com/actualites/news/banques-groupe-arkea-degage-244-me-de-benefices-au-1er-semestre-803657.html

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LE MESSAGE DÉSESPÉRÉ QUE NOUS ENVOIENT LES TAUX D’INTÉRÊT NÉGATIFS GEORGES NURDIN PUBLIÉ LE 28/08/2019

“Les taux d’intérêt négatifs portent en eux le même niveau de corrosion et d’effet pervers pour l’économie que le spectre de l’inflation”, dénonce notre chroniqueur Georges Nurdin, économiste, consultant et écrivain.

Les taux d’intérêt négatifs sont-ils le Graal ou une nouvelle peste noire ? Le sujet est pratiquement passé inaperçu du grand public, et pourtant c’est une révolution copernicienne qui se déroule sous nos yeux, à la faveur de la torpeur estivale. Un peu comme si on postulait que si l’on jetait un objet en l’air, il ne retomberait jamais sur terre, mais s’en éloignerait à jamais, la gravité étant annihilée, inversée. C’est exactement ce qui se passe avec les taux d’intérêt négatifs. En termes simples : la banque vous paye pour que vous empruntiez auprès d’elle. Vous empruntez 100 euros et vous ne rembourserez que 99. La banque vous offre 1 euro au passage, rien que pour vous récompenser d’avoir emprunté.

Bonne affaire ?, arnaque ?, miracle ?, aberration ?… Essayons d’y voir plus clair, avant de poser des conclusions. Il s’agit d’un mécanisme institutionnalisé pour la première fois en 2016 par la Banque du Japon (la banque centrale de l’archipel), destiné à “forcer” les Japonais à dépenser leur économies en “contraignant” les banques à prêter à leurs clients (entreprises et particuliers) davantage plutôt que de mettre en dépôt leurs réserves auprès de l’autorité monétaire du pays, qui dans ce cas les pénaliserait avec un taux de “rémunération” négatif de ces liquidités excédentaires.

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Tout ceci part d’une fable écrite en 1705 par Bernard Mandeville : la Fable des Abeilles, dont AdamSmith s’est inspirée, puis reprise dans les années 1920 par Keynes qui, lui, en fera son miel. L’idée maîtresse étant que quand la stagnation économique – voire la récession – règne, il faut se hâter d’aller dépenser allégrement tout ce que l’on a ( toutes ses économies constituées en vue de mauvais jours) et surtout ce que l’on n’a pas (donc vive l’emprunt et la dette) et par voie de conséquence rendre l’accès à l’emprunt ultra facile par l’abondance des liquidités (la planche à billets tourne à plein régime) et les bas taux d’intérêt.

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L’idée de ceci a été popularisée par Keynes pendant la Grande Dépression, aux Etats Unis, qui s’en sont sortis, paradoxalement, non pas tant par la relance Keynésienne que, hélas, par leur entrée en guerre, et par la mobilisation de toute l’économie dans un effort d’une ampleur inconnue auparavant. La suite, on la connaît : la reconstruction, les trente glorieuses, le baby boom, puis les quarante calamiteuses – pour la France du moins.

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Mais taux d’intérêt bas ne veut pas dire taux négatifs. Or, le Japon, qui est depuis plus d’un quart de siècle enlisé dans une stagnation totale suite à l’éclatement d’une bulle spéculative – principalement immobilière -, a franchi le cap. Il a instauré en 2016 les taux négatifs. Expérimentation grandeur nature. On retient son souffle. Qu’ont fait les ”abeilles” asiatiques ? Est-ce que cela a fonctionné ? L’économie japonaise est-elle repartie ? La réponse est non. Clairement non. C’est même un peu pire depuis, sans compter que le marché des obligations japonaises est désormais en capilotade, catatonique.

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Bien entendu, la BCE s’est également engagée sur la voie des taux négatifs. Et ce, après avoir fait tourner à plein régime pendant dix ans la planche à billets suite à la crise de 2008 – provoquée d’ailleurs par les acteurs mêmes du système bancaire qu’elle était censée contrôler – en produisant ex nihilo des milliards d’euros, imitant en cela la politique américaine du Quantitative Easing (ou “assouplissement quantitatif”, qui consiste en des rachats d’actifs massifs, NDLR) sans pour autant provoquer la moindre croissance en zone euro.

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Au départ, il était inscrit dans le marbre que les taux négatifs ne s’appliqueraient qu’aux banques commerciales afin de les dissuader de placer leurs excès de liquidités auprès des banques centrales mais au contraire de les “inciter” à injecter ces liquidités dans l’économie. Comme c’était à prévoir, ce confinement des taux négatifs aux banques centrales et commerciales n’a pas tenu très longtemps. Et depuis cet été, une banque commerciale danoise impose à ses clients des taux négatifs sur les dépôts.

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La digue a lâché, l’épidémie est déclenchée, et il y a fort à parier que le reste de l’Europe suivra. Est-ce une bonne idée que d’inciter, voire forcer, les ménages et les entreprises à s’endetter encore plus ? En particulier en ce qui concerne la France, qui a un des taux d’endettement des ménages et des entreprises les plus élevés d’Europe (l’endettement des ménages et entreprises non financières s’établit à 133% du PIB au premier semestre 2019) ? On peut en douter.

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A cela, il convient d’ajouter que les taux négatifs portent en eux le même niveau de corrosion et d’effet pervers pour l’économie que l’inflation, le “spectre”, le “monstre”, l’horreur absolue que, justement, la BCE est censée combattre via sa politique de taux !… Un comble !

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Pourquoi ?

Le taux négatif va, par définition, venir ronger mécaniquement l’épargne, les revenus de l’épargne et les revenus fixes (par exemple les pensions, retraites, salaires etc…) en les pénalisant. Exactement comme le fait l’inflation. Imaginez que l’argent placé sur votre livret favori fonde régulièrement et inexorablement… Au lieu de rapporter, même peu, ou simplement de rester stable. Mais ses effets sont plus pernicieux, plus subreptices, moins visibles au premier abord que l’inflation “classique”.

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Le taux négatif porte en lui-même un message on ne peut plus clair, et assez désespéré en fait : dépenser toute son épargne aujourd‘hui, et surtout emprunter, et encore emprunter (on y est récompensé) pour dépenser encore plus aujourd’hui, car demain, rien n’est sûr – et ce sera probablement pire qu’aujourd’hui. C’est une transcription brutale des “anticipations rationnelles” (Muth et Lucas, Nobel 1995) négatives sur l’avenir. Ceci est aussi la recette pour relancer l’inflation, dont les effets s’ajoutent au point précédent, sans parler du retentissement psychologique au niveau sociétal : la double peine.

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Enfin les banques commerciales vont finir par répercuter sur leur clients (cf le Danemark), particuliers et entreprises, les coûts supplémentaires qui leur sont occasionnés par le fait de distribuer une récompense financière (le taux négatif) à leur clients emprunteurs. Et ce, d’une manière ou d’une autre. En ce domaine, l’imagination des banques est sans limite.

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La situation est-elle bloquée ?

Non, loin s’en faut, car il existe un autre chemin pour relâcher des liquidités dans l’économie réelle et relancer efficacement le système : il s’agit de la baisse massive des impôts. Et de ce point de vue, en France, nous avons de la “chance”. On peut même dire que nous sommes des “privilégiés” en la matière. En effet, comme nous sommes les champions du monde de l’imposition, avec un taux de 48% du PIB quand la moyenne de nos pairs (OCDE) se situe à 34 %, c’est dire si on a de la marge ! Mais il est des addictions qu’il est difficile d’éradiquer en France : celle à l’impôt figure parmi les cas rebelles.

Georges Nurdin, économiste, consultant international essayiste et écrivain (Les multinationales émergentes, International Corporate Governance, Le temps des turbulences, Wanamatcha !).

https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-message-desespere-que-nous-envoient-les-taux-dinteret-negatifs-1348458

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Les dirigeants d’Arkea seraient nettement mieux rémunérés que ceux de l’Alliance Fédérale du Crédit Mutuel 23/08/2019

Dans la rémunération des dirigeants de banques, la banque privée paye mieux que que la banque mutualistes selon Planet Business, comme le diffuse l’UNSA Arkea

A BNP Paribas, Jean Lemierre (Président) et Jean-Laurent Bonnafé (Directeur général), remportent la palme avec 4 millions d’euros perçus à eux deux en 2018, suivis par Frédéric Oudéa (Directeur général) et Lorenzo Bini Smaghi (Président) : les dirigeants de la Société Générale ont touché, à eux deux, 3,4 millions d’euros la même année, plus que leurs homologues du Crédit Agricole (2,7 millions), de la BPCE (2 millions).

Mais dans le monde du Crédit Mutuel, l’ordre étonne : Jean-Pierre Denis (Président) et Ronan Le Moal (Directeur général), patrons du Crédit Mutuel Arkéa (composante essentiellement  bretonne du Crédit Mutuel) ont perçu, en 2018, près de 3 millions d’euros, soit plus que leurs homologues du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, le principal groupe bancaire du Crédit Mutuel, qui regroupe 11 fédérations contre 3 pour le Crédit Mutuel Arkéa dont les dirigeants, Nicolas Théry (Président) et Daniel Baal (Directeur général), ont reçu 1,5 million d’euros à eux deux en 2018.

Cet ordre des rémunérations est l’inverse de celui du résultat net 2018 qui s’est élevé à 2?993 millions d’euros pour Crédit Mutuel Alliance Fédérale quand celui d’Arkéa a atteint seulement, si on peut dire, les 437 millions d’euros.

En 2014 nous écrivions ARKEA Crédit Mutuel de Bretagne : tout va bien, surtout pour les dirigeants et Arkea Crédit Mutuel de Bretagne : tout va de mieux en mieux, surtout pour les hauts dirigeants

Y a t il lien entre la volonté d’indépendance portée, non sans difficultés par ces deux dirigeants et leur niveau de rémunération (voir La séparation des Crédits Mutuel de Bretagne et du Sud-Ouest de la fédération nationale n’est pas un long fleuve tranquille). Nul doute que la question sera posée.

Et quand on affirme que la « banque collaborative » ets la version moderne ed la banque coopérative, (voir  La banque collaborative est-elle la version moderne de la banque coopérative comme l’affirme le directeur général d’Arkea ?), est-ce que le haut niveau de rémunération doit être considéré comme un facteur de modernisme ?

https://blogs.alternatives-economiques.fr/abherve/2019/08/23/les-dirigeants-d-arkea-seraient-nettement-mieux-remuneres-que-ceux-de-l-alliance-federale-du-credit-mutuel