Publié le 04 octobre 2019
Marylise Lebranchu ne se résout pas à la privatisation du Crédit Mutuel Arkéa. L’ancienne ministre revient à la charge pour contrer le projet d’indépendance de la banque bretonne.
« Depuis septembre 2018, j’ai parcouru 18 000 km depuis Morlaix pour aller à votre rencontre dans de nombreux territoires en Bretagne et dans le Sud Ouest. J’ai écouté vos inquiétudes qui sont aussi les miennes… ». Dans un document adressé aux élus aux sociétaires et aux salariés du Crédit Mutuel, Marylise Lebranchu, qui a pris la présidence d’une association pour défendre le mutualisme, explique pourquoi elle se bat contre le projet d’indépendance. Projet dont elle attend toujours, dit-elle, la présentation. Avec ce document en main, elle a décidé d’aller à nouveau à la rencontre des élus, des chefs d’entreprise et des représentants des institutions pour relancer le débat. Elle déplore, en effet, que la mobilisation ait un peu faibli. « Le sujet est sur la table même s’il y a un grand silence ». À ce silence, Marylise Lebranchu avance une explication : « Le dossier ne débouche pas parce que les autorités ne veulent pas porter la responsabilité de l’indépendance. Il y a trop de risques. Elles attendent un projet tellement sécurisé que des milliers de pages s’accumulent et ces pages ne suffisent pas, pour l’instant, à rassurer ces autorités, la Banque centrale européenne en particulier »
« Les priorités ont changé »
L’ancienne ministre ne ménage pas ses critiques à l’égard des dirigeants d’Arkéa dont elle fustige la volonté affichée d’abandonner la marque Crédit Mutuel au profit de Arkéa. Elle met en cause les « très grosses et coûteuses opérations de sponsoring », notamment dans le cyclisme. « Quand je vois toute cette énergie qui est focalisée sur la création de la marque et qu’il y a eu 67 fermetures d’agences en cinq ans, je me dis que les priorités ont changé ».
Pour l’ancienne maire de Morlaix, plusieurs raisons devraient amener les dirigeants d’Arkéa à renoncer à leur projet : la crise financière, la prudence des superviseurs européens et le refus des autorités françaises à étendre le nombre de banques mutualistes. Elle pointe aussi le coût prévisible de l’indépendance. Au bas mot 800 millions d’euros selon ses sources. « Les retrouvera-t-on ? On perd beaucoup d’énergie et d’argent alors que la Bretagne exposée au Brexit mérite attention et soutien ».
Contactée, la direction d’Arkéa précise qu’il ne s’agit pas de fermetures d’agences mais de points de ventes. « Ce sont des regroupements liés à l’évolution démographique mais qui sont sans impact sur l’emploi. Au contraire, nous continuons à investir massivement dans nos réseaux », souligne-t-on dans l’entourage de la direction, qui rappelle les bons résultats d’Arkéa au 30 juin. « Le contexte est compliqué pour tous les acteurs mais la taille n’est pas un sujet. Alors que de gros acteurs bancaires sont confrontés à des suppressions de poste, le groupe Arkéa continue de recruter ».
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