Travailler plus de dix heures par jour de façon prolongée, au moins cinquante jours par an, est associé à un risque d’AVC supérieur à celui encouru en travaillant moins, selon une étude française réalisée par une équipe de l’hôpital Raymond-Poincaré, dans les Hauts-de-Seine, parue jeudi 20 juin.
Le risque d’avoir un accident vasculaire cérébral (AVC) apparaît doublé chez ceux qui ont été exposés pendant au moins dix ans à un travail prolongé, selon l’étude française réalisée par une équipe française de l’hôpital Raymond-Poincaré (AP-HP à Garches, dans les Hauts-de-Seine), des universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et de Paris-Saclay (région parisienne) avec l’Inserm, parue jeudi 20 juin. Par travail prolongé, l’étude entend?: travailler plus de dix heures par jour, au moins cinquante jours par an.
L’étude sur l’association entre-temps de travail prolongé et risque d’AVC s’appuie sur les données de la cohorte française Constances (sur l’âge, le sexe, le temps de travail et le fait de fumer ou non) qui regroupe 200?000 personnes âgées de 18 à 69 ans consultant des centres d’examens de santé.
140?000 patients retenus
Un entretien médical complémentaire a permis d’identifier d’autres facteurs de risques cardiovasculaires et de précédents AVC. Les personnes employées à temps partiel et celles qui avaient déjà eu un AVC avant d’avoir un temps de travail prolongé ont été exclues de l’étude.
Sur les plus de 140?000 patients retenus, 0,9?% ont rapporté un AVC. Parmi eux, 29,6?% (42?542) avaient des temps des travail prolongés et 10,1?% (14?481) des temps de travail prolongés sur plus de dix ans, indique l’Assistance Publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) dans un communiqué.
Un temps prolongé, c’est quoi??
La notion de temps de travail prolongé a été définie comme étant de dix heures minimum par jour pendant au moins 50 jours par an. Ainsi, le temps de travail prolongé a été associé à un risque de survenue d’AVC 29?% plus important dans la population concernée que dans celle travaillant moins, selon l’AP-HP.
«?Être exposé à un temps de travail prolongé sur dix ans minimum est fortement corrélé à la survenue d’AVC, avec un risque doublé dans cette population par rapport à celle travaillant moins.?»
Cette étude confirme les résultats d’une autre publiée en 2015
L’association est plus significative chez les moins de 50 ans après prise en compte des facteurs de risques habituels, remarquent les chercheurs qui n’ont relevé aucune différence entre les femmes et les hommes.
L’étude ne permet pas de conclure à un lien de causalité. Néanmoins, elle montre «?une association significative?» entre risque de survenue d’AVC et temps de travail prolongé sur une période égale ou supérieure à dix ans et confirme ainsi les conclusions d’une méta-analyse (analyse d’une série d’études), publiée en 2015 dans la revue médicale The Lancet, sur l’excès de risque d’AVC lié à un travail prolongé.
Les nouveaux résultats pourront être utilisés pour la «?prévention individuelle et globale?», notent les auteurs même s’ils «?devront être approfondis par des études complémentaires?».
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