Dans la bataille engagée entre le CMB Arkea et la Confédération nationale de Crédit mutuel, la classe politique bretonne a joué jusqu’ici la carte de la solidarité régionale avec la banque bretonne.
Le président du conseil régional Loïc Chesnais-Girard a clairement apporté son soutien et une tribune co-signée par 121 personnalités régionales a ajouté un socle solide à la démarche engagée par le groupe Arkéa. Dans le monde politique, l’adhésion n’est toutefois pas unanime mais ceux qui s’interrogent sur cette stratégie qui prend quelques distances avec les bases du mutualisme ont choisi la voix de la neutralité.
Marylise Lebranchu est donc la première personnalité politique régionale à mettre les pieds dans le plat. Elle a annoncé la création d’une association « Restons mutualistes » dont l’intitulé résume l’objet. Dans une interview exclusive au Télégramme, elle dit ne pas comprendre l’objet de cette scission, affirme qu’Arkea dispose d’une totale indépendance et que la confédération constitue un filet de protection et non une menace. Et en tant que sociétaire de la banque, elle s’inquiète des risques de renoncement au mutualisme, cet « état d’esprit » qui rend les sociétaires propriétaires de leur caisses.
Question d’adresse
L’ex-ministre mêle ainsi sa voix à celle de certains syndicalistes, salariés et sociétaires qui contestent, eux aussi, la démarche engagée par les dirigeants. La voie ouverte est si exceptionnelle et audacieuse qu’elle ne peut pas faire l’unanimité.
Mais dans ce geste d’engagement en faveur du mutualisme, l’ex-ministre a tout de même eu une drôle d’idée : le siège de son association est hebergé par la Confédération nationale de Crédit Mutuel. Autrement dit chez les adversaires désignés des dirigeants du groupe Arkéa, avec qui le bras de fer est engagé. Toutes proportions gardées, c’est comme si l’arbitre du match France-Croatie était hébergé durant tout ce week-end chez Noël Le Graët.
L’idée est saugrenue et le résultat sans surprise : sur les réseaux sociaux, l’ex-ministre bretonne se fait sévèrement tacler, même si elle donne l’occasion à d’autres voix de s’élever contre la démarche des dirigeants d’Arkéa. Elle considère normal d’avoir domicilié le siège social à la Confédération nationale car elle dit avoir besoin d’un soutien matériel, démarche que les dirigeants d’Arkea qualifie purement et simplement « d’instrument à la main de la CNCM ».
La ministre a précisé dans la foulée qu’elle n’a pas encore déposé ses statuts et qu’elle va peut-être changer d’adresse. En l’occurrence, il faut bien reconnaître qu’effectivement, elle n’a pas fait preuve de beaucoup d’adresse…
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