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Thomas Coëffé, le 28 novembre 2016capture-decran-2016-12-05-a-08-02-49

Les start-up ne sont pas les seules à innover. Dans les grands groupes, des salariés motivés mettent en place de nouveaux process, de nouvelles manières de travailler, pour permettre la transformation digitale de leur entreprise. C’est notamment le cas dans le secteur bancaire, où Crédit Mutuel Arkéa a mis en place une organisation pour favoriser l’innovation. Sébastien Sorin et David Herviou, tous deux issus des directions informatiques, reviennent sur une expérience innovante au plus près des besoins des utilisateurs, bénéfique pour Crédit Mutuel Arkéa comme pour ses salariés.
Un projet qui transforme l’entreprise

Au Crédit Mutuel Arkéa, l’organisation des services informatiques est assez classique. Deux directions sont liées à l’informatique : la Direction des études, dont Sébastien fait partie, et la Direction de l’exploitation et des technologies, où travaille David Herviou. Il explique le rôle de ces deux services : “La Direction des études est orientée sur les problématiques “Métiers bancaires” : réalisation, mise à disposition de logiciels etc. La Direction de l’exploitation travaille surtout sur les process ITIL et de mise à disposition d’infrastructures et de services informatiques”.

Sébastien Sorin est responsable du service Architecture et transformation digitale du Crédit Mutuel Arkéa. Son objectif est de définir et mettre en œuvre l’architecture pour la transformation digitale, ainsi que des méthodes de travail comme DevOps. De son côté, David Herviou est responsable du service Méthodes Appliquées. Il est également responsable de la création du cloud privé au sein de Crédit Mutuel Arkéa.
Ensemble, ils ont développé un cloud privé bancaire et sa première application en parallèle. Ils nous présentent ce projet innovant.

Sébastien Sorin : “L’idée, c’était de mettre à disposition un cloud privé bancaire pour améliorer notre time to market. Comme beaucoup d’entreprises, nous cherchons à être le plus rapidement possible sur le marché. Nos process et nos outils de production, très industrialisés, bloquaient un peu. Nous avons donc décidé d’investir dans ce cloud pour déployer plus rapidement des environnements et des infrastructures en production. Notre service bancaire pour le mobile étant la première application développée pour l’occasion. Il s’agit d’une application en responsive webdesign, conçue pour être accessible. Elle est adaptée aux non-voyants ainsi qu’aux personnes pouvant avoir des difficultés pour accéder à notre site.

Nous avons opté pour la fourniture d’un cloud privé sur la solution open source Open stack. Cette plateforme nous permet de déployer des containers Docker sur le cloud. C’est vraiment intéressant pour le DevOps. Du côté opérationnel, on gère un seul livrable dans tous les environnements. D’un point de vue développement, nous maîtrisons la configuration de l’environnement d’exécution, depuis les développements jusqu’à la mise en production. Docker nous permet aussi, en phase de construction, de monter les environnements très simplement, très rapidement, de lier les applications entre elles… Cela ouvre beaucoup de possibilités, c’est un facteur de succès. Ce sont des technologies très peu déployées en production dans les entreprises françaises, encore moins dans le secteur bancaire.”

David Herviou : “Au Crédit Mutuel Arkéa, nous étions sur des process très orientés ITIL, avec des validation d’étapes, qui déclenchaient des actions dans les équipes techniques… Pour aller plus rapidement à l’essentiel, plus rapidement en production, l’idée était d’installer cette technologie liée au cloud pour accélérer la mise à disposition des environnements ; et surtout, pour commencer à donner la main plus rapidement aux équipes de développement.”

Mixer les équipes pour casser les silos
Pour mettre en place ce cloud privé bancaire et ses applications, les deux services informatiques de Crédit Mutuel Arkéa ont donné naissance à une équipe mixte. Les salariés des deux entités ont travaillé main dans la main. Une expérience positive pour l’entreprise et ses collaborateurs, qu’ils soient architectes, développeurs, intégrateurs, ou spécialistes système, infrastructure et réseau.

David Herviou : “Dans un fonctionnement classique ITIL, le principe est de passer par des demandes de services. On met des intermédiaires de processus entre les différentes équipes pour permettre d’industrialiser les chaînes de traitement. Nous souhaitions construire des choses nouvelles côté IT et d’en profiter pour appliquer un nouveau modèle de collaboration. Nous voulions que la fourniture du service cloud soit le mieux adapté possible aux besoins des équipes de Sébastien.”

Sébastien Sorin : “Nous avons pu participer à l’élaboration du cloud privé car nous construisions l’application en même temps que le cloud. Nous avons réussi à mettre l’application en production très rapidement, dès les premières ébauches. En même temps, cette coopération avec le cloud nous a permis de communiquer à l’équipe de David les fonctionnalités les plus importantes à nos yeux. Nous avons pu prioriser. Nous discutions ensemble pour trouver des solutions dès qu’on rencontrait une problématique. Cela a permis de travailler plus rapidement et avec moins de frustrations.”

David Herviou : “Cette collaboration a favorisé un échange de culture entre les services informatiques. Nous ne voyons pas toujours l’informatique de la même façon, cette méthode nous a permis de chercher des terrains d’entente pour répondre aux problématiques de chacun (développeurs, utilisateurs etc.). Nous sommes souvent sur des approches en silos, où il est parfois difficile de se comprendre. Le fait d’avoir mélangé les équipes a permis à chacun de comprendre les difficultés que peuvent avoir les autres au quotidien dans leurs métiers. Ce sont des professions très spécialisées, le fait d’immerger les personnes permet d’échanger sur les métiers et leurs problématiques propres. C’était très enrichissant sur le plan humain comme sur le plan métier. Nous avions une capacité à répondre rapidement aux besoins des équipes utilisatrices, grâce aux retours permanents. Nous pouvions donc orienter nos développements au plus juste des besoins utilisateurs.
Mixer les équipes permet de repositionner les fonctions d’experts au niveau où elles doivent l’être. Les personnes néophytes dans certains domaines connaissent le contexte grâce à des explications précises, et comprennent les difficultés parfois induites par leurs demandes.”

L’intégration des méthodes Agile et DevOps

Dans le cadre du projet, les équipes de Sébastien et David se sont inspirés des méthodes Agile et DevOps ; bien qu’au Crédit Mutuel Arkéa, ce ne soit pas vraiment nouveau.

Sébastien Sorin : “Nous appliquons la méthode Agile depuis cinq ans. Nous pensons que cette démarche doit s’étendre, pas seulement aux MOA et aux études, mais aussi aux opérations pour bénéficier pleinement de l’agilité de développement. Nous nous sommes également mis en mode DevOps pour ce projet. Nous avons donc construit une équipe commune avec celle de David, nous avons intégré des problématiques opérationnelles dans nos développements. Nous sommes encore en cours de construction sur ces méthodes DevOps, mais nous avons bien avancé tout au long du projet. Nous sommes dans un mode “You build it, you run it” : les équipes de développement participent aussi aux astreintes.”

David Herviou : De notre côté, ce fut aussi un changement de culture. Les personnes présentes sur ce projet cloud ont de l’appétence pour le changement, pour les nouvelles façons de fonctionner. Nous avions l’habitude d’une organisation informatique classique, avec des fonctions de production et de supervision bien séparées des fonctions de développement. Ici, c’était un vrai changement de paradigme : on redonne la main à celui qui construit, dès le départ. Nous avons intégré ce principe dans notre proposition de valeur au niveau cloud, pour donner tous les éléments aux équipes utilisatrices, pour que cette transformation soit possible. En adoptant une nouvelle manière de procéder, nos métiers vont changer, nous devons accompagner au mieux ces transformations. Cette reprise en main s’accorde avec une démarche de production de livrables de qualité. De nouveaux rôles sont identifiés, afin d’avoir des expertises sur ces domaines qui n’étaient pas très creusés.

Sébastien Sorin : Ce projet est une réussite : d’autres sont déjà en cours. L’objectif était d’initier la démarche sur ce projet, puis de l’étendre petit-à-petit. Nous allons capitaliser sur cette expérience concluante qui n’était qu’un premier jet. Le but du jeu est de continuer dans ce sens là, d’approfondir la démarche. L’expérience était positive, enrichissante, nous sommes prêts à recommencer et à aller encore plus loin.

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