Le président de la Confédération nationale du Crédit Mutuel Nicolas Théry a appelé vendredi le groupe Crédit Mutuel Arkéa à rester dans la « maison commune » et à mettre un terme à la « guerre fratricide » qui les oppose autour de la marque.
Au lendemain du rejet par le Tribunal de grande instance de Paris d’une demande déposée par le Crédit Mutuel Arkéa (CMA) sur les conditions d’exploitation de la marque Crédit Mutuel, Nicolas Théry a tendu la main à son affilié, entré en conflit avec la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM) en vue d’obtenir son autonomie. Il a appelé les caisses de la CMA à « reprendre toute leur place au sein de la Confédération nationale pour que de nouveau, nous puissions travailler ensemble ». La CNCM, « c’est notre maison commune, c’est une maison qui nous donne des services que nous ne pourrions pas avoir au niveau de caisses fédérales », a-t-il insisté.
La Confédération nationale et le CMA se déchirent depuis des mois autour d’une refonte statutaire voulue par la CNCM, mais décriée par le CMA qui y voit une menace pour son autonomie. Le CMA regroupe les fédérations du Crédit Mutuel Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif Central ainsi que celles de 20 filiales spécialisées.
« Reprenons une vie collective normale »
« Mettons un terme à une querelle absurde et reprenons une vie collective normale », a déclaré Nicolas Théry lors de l’assemblée générale de la Confédération du Crédit Mutuel Centre-Est-Europe à Strasbourg, devant plusieurs milliers de salariés du groupe et responsables de caisses. « Nous avons une marque, à un moment donné il ne faut pas la laisser attaquer », a-t-il estimé.
Ni la confédération, ni les onze fédérations du Crédit Mutuel associées (CM11), ni lui-même n’ont « l’intention de porter atteinte à l’identité d’Arkéa », a assuré Nicolas Théry, en se disant « convaincu » que l’emploi sera « mieux préservé à Arkéa en restant dans la famille du Crédit Mutuel ».
Arkéa fragilisé sans le Crédit Mutuel
Le président de la confédération a aussi pointé le risque d’une dégragation de la notation d’Arkéa s’il se séparait de la CNCM. L’agence de notation Moody’s estime qu’Arkéa séparé de la CNCM « perdrait 4 crans de notation », selon Nicolas Théry, ce qui serait synonyme d’un « refinancement plus cher » pour les caisses du Crédit Mutuel Arkéa. « Je n’ai aucun doute sur le fait que les salariés (d’Arkéa) sont mieux au sein de la confédération », a-t-il martelé. « La marque Crédit Mutuel est un formidable actif, formidable atout », a-t-il encore insisté.
Réagissant au rejet de sa demande par le Tribunal de grande instance de Paris, CMA avait estimé dans un communiqué que cette décision laissait « la porte ouverte à toute discussion » entre les deux entités sur la question de l’usage de la marque, estimant que celle-ci « doit pouvoir être utilisée par l’ensemble des fédérations ».
les Echos :
Nicolas Théry, le nouveau président de la structure de tête du groupe mutualiste, veut mettre un terme à une « querelle absurde ».
Face aux velléités d’indépendance de Crédit Mutuel Arkéa,qui regroupe les fédérations de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif central, la tête du groupe mutualiste change désormais d’approche. Nicolas Théry, le nouveau président de Confédération, a choisi de s’adresser directement aux sociétaires et aux salariés d’Arkéa, ne semblant plus espérer de réconciliation avec la direction dissidente.
« J’ai choisi mon camp, c’est celui de l’unité du Crédit Mutuel, pas celui d’un aventurisme personnel », a martelé Nicolas Théry vendredi 27 mai, lors de l’assemblée générale du Crédit Mutuel Centre Est Europe, en visant sans le nommer le président d’Arkéa, Jean-Pierre Denis. « Je suis dans le camp de l’emploi, pas dans celui des paris inconsidérés », a-t-il poursuivi, soutenant que l’emploi était « mieux préservé à Arkéa en restant dans la famille du Crédit Mutuel qu’en tentant une aventure fumeuse d’ETI (Entreprise de taille intermédiaire) de la banque ».
« Je suis dans le camp de la démocratie mutualiste »
« Je suis dans le camp de la démocratie mutualiste, a-t-il encore ajouté, pas dans celui de la dénonciation d’un adversaire imaginaire ». Arkéa réclame la scission parce qu’à ses yeux, sous la marque « Crédit Mutuel », coexistent aujourd’hui deux groupes autonomes et concurrents, mais le président de la Confédération a prévenu que « si une caisse veut partir, elle devra organiser un vote au niveau des caisses locales sur la base d’une information objective et éclairée », en particulier sur l’utilisation de la marque Crédit Mutuel.
Nicolas Théry a enfin mis en avant des conditions de refinancement plus coûteuses en cas de divorce. « Quand je vois que Moody’s dit qu’un Arkéa séparé de la Confédération nationale du Crédit Mutuel perdrait quatre crans de notation, j’ai mal pour le Crédit Mutuel », a-t-il avancé, alors que « mercredi, lors d’une émission obligataire, Arkéa a payé 70 points de base de plus que la BFCM (Banque Fédérative du Crédit Mutuel) contre 20 auparavant ». « Les guerres fratricides mènent à l’échec collectif. Mettons un terme à une querelle absurde », a lancé Nicolas Théry en conclusion de son plaidoyer.
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