L’agence de notation a placé la note du Crédit Mutuel Arkéa en perspective négative pour tenir compte des multiples incertitudes sur son avenir en dehors du Crédit MutuelCapture d’e?cran 2018-04-19 a? 11.40.24.png

Arkéa n’est pas considérée comme une petite banque au niveau européen, mais elle devra faire la preuve de la résilience de son modèle économique en dehors du groupe mutualiste.

Le sens de l’histoire en Europe pousse plutôt à la consolidation. Dans ce contexte une petite banque a-t-elle un avenir ?

Le sens de l’histoire en Europe, c’est que quelques grands groupes dominent le marché dans chaque pays. En France, le mouvement a été mené à bien avant la crise financière (rapprochements Crédit Lyonnais et Crédit Agricole, Paribas et BNP, Crédit Foncier et le groupe Caisse d’Epargne, etc.). En Europe du Sud ou en Allemagne, le mouvement est le même, quoique plus lent.

Les régulateurs bancaires ont également vu d’un bon oeil cette consolidation, convaincus qu’il est plus aisé de réguler un nombre limité de grands groupes plutôt qu’une myriade de petits. Les coûts réglementaires et informatiques au sens large sont aujourd’hui plus importants qu’il y a quinze ans, et rentabiliser cette base de coût incite à une taille plus importante.

Les petits groupes sont donc voués à être moins rentables ?

Non, ce n’est pas une règle absolue. Il existe de petites banques rentables car concentrées sur une activité de niche où elles ont une vraie valeur ajoutée par rapport aux généralistes, comme des banques privées, des boutiques de M&A ou de gestion d’actifs.

Crédit Mutuel Arkéa ne rentre pas dans cette catégorie….

En effet, Crédit Mutuel Arkéa a développé depuis longtemps des activités complémentaires à la banque de détail, comme du BtoB ou une banque en ligne, mais le gros de son activité reste concentré sur la vente de produits bancaires et assurantiels traditionnels.

Notons toutefois qu’Arkéa n’est pas une petite banque au plan européen. Sa taille correspond aux numéros 6 ou 7 du marché espagnol et italien. Et force est de constater qu’elle est aujourd’hui rentable, bien capitalisée et diversifiée.

Cela présage-t-il de la solidité d’Arkéa en dehors du groupe Crédit Mutuel ?

Si Arkéa se trouvait demain en situation de totale indépendance, son coût de refinancement augmenterait certainement car elle ne bénéficierait plus du mécanisme de solidarité du Crédit Mutuel. La pression concurrentielle pourrait aussi évoluer en Bretagne et les coûts réglementaires augmenter.

L’avenir est difficile à prévoir mais, si Arkéa sortait du groupe Crédit Mutuel, sa rentabilité pourrait à terme être un peu plus faible. Arkéa n’a pas encore totalement défini son futur modèle économique. Il y a encore beaucoup d’inconnues, ce que reflète la perspective négative sur sa note.

L’indépendance d’Arkéa présente-t-elle un risque pour la stabilité financière ? Peut-elle nourrir des velléités d’indépendance d’autres groupes mutualistes français ?

A priori, cela ne représente pas de risque systémique pour la stabilité financière. Aujourd’hui, le sujet est essentiellement interne au Crédit Mutuel. La sortie d’Arkéa du groupe peut certes changer la dynamique compétitive en Bretagne, mais pas la donne au niveau national. Concernant un éventuel effet d’entraînement, le risque reste pour l’instant extrêmement limité : il y a moins de déséquilibres de taille entre les caisses régionales des autres groupes mutualistes que sont BPCE et Crédit Agricole qu’entre les fédérations du Crédit Mutuel.

Sharon Wajsbrot
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