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Après Société Générale, LCL reporte d’un trimestre la facturation des comptes courants. Entre souplesse commerciale et exonérations, une majorité de clients échappe à la tarification.

La décision des grandes banques commerciales de facturer en 2016 la tenue du compte courant n’est pas passée comme une lettre à la poste. BNP Paribas, Société Générale et LCL multiplient en effet les exonérations ou s’y reprennent à deux fois pour tarifer ce service, qui consiste pour les banques à mettre le compte courant à jour au fil des opérations.

Faux départ

LCL, qui devait instaurer une facturation trimestrielle de 6 euros à compter du 1er avril (avec prélèvement des frais à fin juin), vient ainsi de décider le report au 1er juillet l’entrée en vigueur de cette mesure, avec un premier prélèvement à fin septembre. Il s’agit selon la banque d’ « apporter des aménagements techniques » à cette tarification, qui prévoyait déjà une réduction de 25 % pour les clients dont le salaire est domicilié chez elle et une ristourne additionnelle de 25 % pour ceux qui opteraient pour le relevé de compte dématérialisé. L’ex-Crédit Lyonnais voudrait « adapter » davantage le prix de ce service « pour privilégier les meilleurs clients ». Et ce alors que le nouveau patron de LCL, Michel Mathieu, en poste depuis le mois d’avril, a fait savoir aux organisations syndicales que, « à titre personnel », il n’était pas favorable à l’instauration de frais de tenue de compte.

La Société Générale a également connu un faux départ. Elle devait initialement facturer les comptes courants à compter du 1er janvier 2016, avant de reporter de six mois cette mesure impopulaire auprès de ses clients. Mais, comme les abonnés à un package, les moins de 25 ans ou les adhérents à l’offre « haute fidélité » seront exonérés, ceux qui paieront finalement pour leur compte courant seront minoritaires. « Près des deux tiers de nos clients ne seront pas facturés », a précisé aux « Echos » un responsable de Société Générale. Chez BNP Paribas, plus d’un client sur deux ne paye pas de frais de tenue de compte, parce qu’ils ont souscrit un package et basculé vers le relevé de compte en ligne. Et parmi ceux qui sont facturés, la moitié bénéficie de réductions. « Nous restons une entreprise commerciale », renchérit un concurrent, confirmant ainsi l’existence d’une marge de négociation entre le client et son conseiller.

Obtenir des rabais

Si nombre de clients protestent ou tentent d’obtenir des rabais, d’autres font le choix de quitter leur établissement pour rejoindre une banque en ligne qui ne facture ni la tenue de compte, ni la carte bancaire. Chez Boursorama – qui vise 975.000 clients à fin 2016 -, on reconnaît avoir « connu une accélération en matière de conquête en début d’année, grâce au bruit fait autour des frais de tenue de compte ». Au point de ne pas avoir pu tenir systématiquement les délais d’ouverture de compte au cours du premier trimestre.

Véronique Chocron avec S. W., Les Echos