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Alors que les caisses locales ont plébiscité, vendredi, le projet d’autonomie, Jean-Pierre Denis, président du Crédit Mutuel Arkéa, réaffirme sa détermination.

Les 334 caisses locales du Crédit Mutuel Arkéa ont plébiscité votre projet d’autonomie. Quelles conséquences tirez-vous de ce vote ?

Nos caisses locales demandent que l’autonomie du CM Arkéa au sein du Crédit Mutuel soit clairement reconnue. Cette reconnaissance passe par la création de deux organes centraux. Le moment est venu de passer à l’acte. Nous sommes naturellement à la disposition des autorités bancaires pour travailler à la mise en place de cette réforme. Je remercie, au passage, nos présidents de caisses locales de ne pas s’être laissé intimider par les pressions et chantages dont ils ont fait l’objet.

Vous faites sans doute référence aux récentes mises en garde des pouvoirs publics ?

Pas seulement. Je pense aussi à la procédure de sanction contre le Crédit Mutuel Arkéa lancée à grand renfort de mise en scène dans les médias. Quant au courrier que j’ai reçu, lundi dernier, du gouverneur de la Banque de France et de la directrice générale du Trésor, il ne dit absolument rien de nouveau. Il précise qu’il faut une loi pour créer deux organes centraux au Crédit mutuel, ce que j’ai toujours dit. Et je ne suis pas naïf au point d’imaginer que nous allions faire la loi dans nos assemblées générales. J’observe, au passage, que cette lettre a été diffusée par des médias moins de douze heures avant la tenue de notre première assemblée générale à Saint-Brieuc. La vraie raison d’être de ce courrier était-elle de peser sur le vote de nos administrateurs ? Je me pose la question.

L’union fait la force. Pourquoi vous obstinez-vous à réclamer cette séparation ?

Nous ne voulons pas de la réforme statutaire engagée par la Confédération en vue de centraliser le Crédit Mutuel car elle réduirait notre autonomie. La BCE (Banque centrale européenne) n’a d’ailleurs jamais demandé une centralisation du Crédit Mutuel. Ce qu’elle exige, c’est une mise aux normes. Et il est tout à fait possible de le faire en créant deux organes centraux. Notre groupe dispose d’une autonomie qui lui a toujours permis de se développer, de préserver ses emplois et ses centres de décisions. Et chacun comprend qu’une centralisation affaiblirait le Crédit Mutuel Arkéa.

Les syndicats parlent d’une stratégie dangereuse. Les entendez-vous ?

Les organisations syndicales ont des positions diverses sur le sujet. J’entends et je respecte ces opinions. Quand nous revendiquons la création de deux organes centraux, nous ne demandons absolument pas à sortir du Crédit Mutuel. Nous demandons simplement une réforme dans le respect des règles européennes. Il est clair que nous n’entendons, à aucun prix, quitter le Crédit Mutuel et je ne vois pas au nom de quoi le Crédit Mutuel de Bretagne serait rayé de la carte dans notre région. Ce serait surréaliste. Il n’est pas question non plus pour nous de renoncer à l’appellation Crédit Mutuel qui est la propriété collective de toutes les fédérations de France. Le chantage à la marque n’a que trop duré.

Ne craignez-vous pas que cette guerre fratricide nuise à l’image de votre groupe et aux intérêts de vos clients et sociétaires ?

On a voulu porter atteinte à l’autonomie du Crédit Mutuel Arkéa. Il était légitime que nous réagissions, mais notre mobilisation n’a en rien dégradé nos résultats économiques et notre développement commercial. À la fin de cette année, notre groupe affichera des performances sans précédent. Le CM Arkéa est très solide financièrement. Il fait partie des meilleures banques européennes. Il a tous les moyens de son autonomie. Toutes les études montrent que les conséquences de la création de deux organes centraux seraient minimes.

© Le Télégramme