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Le groupe Arkéa (fédérations du Crédit Mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif Central) affiche à nouveau des résultats flatteurs. De quoi le conforter dans sa volonté de quitter la Confédération nationale de la banque mutualiste.

C’est une démonstration en deux temps qu’ont déroulée, mercredi, Jean-Pierre Denis, le président d’Arkéa, et Ronan Le Moal, son directeur général, en présentant les résultats de l’exercice 2017 au siège du groupe bancaire au Relecq-Kerhuon, aux portes de Brest. L’année 2017 dégage des résultats largement favorables, après une année 2016 qui avait déjà fait tomber des records. De quoi conforter les dirigeants dans leur volonté de quitter la Confédération nationale du Crédit Mutuel. Un processus qui va s’engager dans quelques semaines avec une première consultation des caisses locales.

«?Une année très accomplie?»

C’est le résumé, par Jean-Pierre Denis, de l’année 2017. Il est vrai qu’à l’heure du bilan, on y voit des chiffres en hausse, avec pas mal de progressions à deux chiffres. Le tout, précise-t-il, «?dans un environnement économique contrasté?». Sans doute, la croissance retrouve-t-elle des couleurs. Mais dans le même temps, les taux d’intérêt restent bas. C’est bien pour les consommateurs. Moins pour les banquiers qui leur prêtent de l’argent. Il n’empêche. Le produit net bancassurances atteint 2,09 milliards d’euros. C’est une progression de 12,8?% par rapport à 2016, une année qui s’était déjà terminée sur des résultats historiquement hauts. Le résultat d’exploitation atteint les 610 millions, contre 466 pour l’exercice précédent. Une progression de 30?%?! «?Nous sommes très très hauts?», commente Jean-Pierre Denis.

Le siège d’Arkéa au Relecq-Kerhuon, aux portes de Brest. @archives Béatrice Le Grand

Les résultats commerciaux suivent

À la base de tout, il y a les clients. Arkéa, en commençant l’année 2017, en comptait un peu plus de quatre millions (4?060?800) qui se répartissaient entre les particuliers (3?800?300) et les professionnels (260?500). Là aussi, douze mois plus tard, tout est revu à la hausse avec 4?237?000 clients (3?966?000 particuliers et 271?000 professionnels). Encore une jolie progression de 4,3?%. «?C’est un indicateur fondamental auquel toutes les structures du groupe contribuent?», commente Ronan Le Moal. Mais certaines un peu plus que les autres. Arkéa observe que ces gains de nouveaux clients sont portés «?notamment par les activités de banque en ligne et d’assurances.?»Corollaire, la sommes des crédits accordés par Arkéa à ses clients passe la barre des 50 milliards (en hausse de 7,7?%). Et sur la seule année 2017, 12,9 milliards de nouveaux crédits ont été injectés dans l’économie. La plus grosse partie pour l’habitat (5,9 milliards), pour les marchés professionnels et les entreprises (3,3 milliards) et enfin pour les crédits à la consommation (2,4 milliards). Commentaire de Jean-Pierre Denis?: «?Cette croissance des encours de crédits montre que nous faisons vraiment notre métier de banquier.?»

Une trajectoire continue

La croissance d’Arkéa reste soutenue dans la durée. C’est ce que montrent les résultats sur 9 ans, depuis 2008?: un résultat net multiplié par 8,4?; le produit net bancassurances en hausse de 93?% ou encore un portefeuille de clients en hausse de 46?%. «?Cela montre que notre modèle de développement est efficace, rentable et équilibré. Nos fondamentaux sont solides car nous avons identifié nos relais de croissance?», ajoute Jean-Pierre Denis. L’emploi suit donc le mouvement. Arkéa, qui revendique environ 30?% de parts de marché en Bretagne, a dépassé le cap des 10?000 salariés, avec quelque 600 recrutements en 2017.

La voie de l’indépendance

Tout cela apporte bien sûr de l’eau au moulin de l’indépendance, clairement revendiquée par Arkéa par rapport à la Confédération nationale du Crédit Mutuel. Le groupe à l’ADN breton a lancé les grandes manœuvres pour quitter l’organe central et dans les prochaines semaines, les caisses locales seront consultées sur ce départ. Pour les dirigeants d’Arkéa, la Confédération nationale ne leur laisse pas assez les coudées franches pour continuer le développement du groupe. Plus question non plus de cohabiter au sein de la Confédération nationale avec le CM11-CIC (11 autres fédérations du Crédit Mutuel, notamment dans l’Est de la France) considéré par Arkéa comme un vrai concurrent.

«?La seule solution crédible, c’est la séparation. Nos performances ne doivent rien à la Confédération?», insistent les deux dirigeants. Si départ il y a, ce sera sans la marque Crédit Mutuel. Mais en conservant le statut de banque mutualiste et coopérative qu’ils entendent bien défendre contre vents et marées. Voilà pourquoi les discussions à ce sujet sont en cours entre Arkéa et les autorités financières et bancaires.Après le premier vote des caisses locales au printemps, un second vote de confirmation, sur un projet plus détaillé, leur sera demandé à l’automne. Et après, les choses pourraient aller assez vite. La question du nouveau nom du Crédit Mutuel de Bretagne est déjà en discussion. Un nom presque aussi secret que la base des sous-marins nucléaires de l’Ile Longue installée de l’autre côté de la rade de Brest, pas très loin du siège d’Arkéa. «?Il évoquera une banque coopérative et mutualiste implantée en Bretagne?», annonce quand même Jean-Pierre Denis.

De nouvelles frontières??

Le monde numérique a effacé les frontières. C’est pourquoi Arkéa veut, en devenant indépendant, gagner de nouveaux marchés et de nouveaux clients. Grâce à cette «?agilité?» que revendiquent ses dirigeants. Et si le scénario défendu par Jean-Pierre Denis se réalise, il ne s’interdit rien dans ses métiers traditionnels de la banque de détail. «?Nous pourrons nous intéresser aux Bretons de Paris, à ceux de Nantes. Ne pas sortir des quatre départements bretons, ce serait dommage?», glisse-t-il.

Didier GOURIN Capture d’e?cran 2018-03-01 a? 18.43.58.png