Capture d_écran 2017-07-04 à 09.01.44

Le groupe Crédit Mutuel Arkéa ne reconnaît pas de légitimité au nouveau délégué général du CMMC.

La réaction n’a pas tardé. A l’issue d’un conseil d’administration, vendredi, la direction du groupe a repris la main, face à la crise en cour au Crédit Mutuel Massif Central (CMMC). Ce dernier vient d’élire un nouveau président, renvoyé le directeur général, nommé dans la foulée un nouveau « délégué général » et annoncé sa volonté de quitter Arkéa pour intégrer la puissante confédération CM11-CIC au 1er janvier 2019 [Arkéa et CM11-CIC co-habitent au sein du groupe Crédit Mutuel, NDLR].

« Nous assistons à un coup de force, un putsch organisé de longue date par le CM11-CIC pour annexer le CMMC et déstabiliser le Crédit Mutuel Arkéa. Nous ne sommes pas dupes de cette nouvelle manoeuvre », tonne Jean-Pierre Denis, le président du Crédit Mutuel Arkéa dans un entretien aux « Echos ».

« Nous ne contestons ni l’élection du président, ni la volonté de quitter Arkéa. Mais cette sortie ne peut se concevoir que de façon ordonnée. Or, le CMMC en violation de nos statuts n’a pas nommé de nouveau directeur général, mais un « délégué général » qui n’a pas de mandat de notre part. Nous ne lui reconnaissons aucune légitimité. Soyons clairs : c’est le Crédit Mutuel Arkéa et ses dirigeants effectifs qui ont la responsabilité de piloter et d’encadrer l’activité bancaire des Caisses locales du CMMC qui partagent un même agrément bancaire collectif avec le Crédit Mutuel Arkéa et l’ensermble des Caisses locales du groupe », précise le dirigeant.

Missions de contrôle

En effet, en attendant un éventuel départ du CMMC en 2019, « cette fédération reste une composante à part entière du groupe. Son autorisation d’exercer dépend d’un agrément bancaire collectif détenu par Arkéa, et dont bénéficient toutes les caisses locales affiliées. Au titre de cet agrément, le contrôle de la banque, et de sa conformité engage la responsabilité des dirigeants du Crédit Mutuel Arkéa et ce de manière exclusive ».

Conséquence directe de cette analyse, depuis samedi matin – et dans le cadre du mandat voté par son conseil d’administration – Arkéa a soumis à autorisation du siège toutes les décisions des caisses auvergnates, depuis l’octroi d’un prêt jusqu’à une autorisation de découvert.

« Cette décision vise à sécuriser l’activité bancaire tout en assurant la continuité d’activité », souligne Jean-Pierre Denis. Or, depuis l’annonce du projet, Arkéa estime ne plus pouvoir exercer ses missions de contrôle de cette petite fédération regroupant trente caisses locales. « A titre d’exemple, les personnes chargées du contrôle n’ont plus accès physiquement à l’immeuble dont le système de sécurité a été modifié. Et nous suspectons la mise en place d’un système informatique parallèle », dénonce Jean-Pierre Denis.

Départ « unilatéral »

Par ailleurs, Arkéa juge que si une sortie est envisageable, elle doit se passer de façon ordonnée. il est donc impossible que CMMC s’en aille de façon « unilatérale ». Notamment « Les caisses locales du Massif Central partagent avec les autres caisses locales ainsi qu’avec Arkéa un même agrément collectif. Pour pouvoir sortir, il faudrait que nous demandions un nouvel agrément collectif en sortant les caisses du Massif Central. Pour cela, nous devons être a minima consultés », reprend Jean-Pierre Denis.

Plus globalement, cette crise intervient alors que depuis trois ans, Arkéa cherche à quitter le groupe Crédit Mutuel. « Nous ne voyons pas pourquoi un droit d’auto-détermination serait accordé au Massif Central, alors que ce même droit ne nous serait pas reconnu », détaille Jean-Pierre Denis, pour qui la résolution de cette crise auvergnate « ne doit pas être distincte d’une discussion globale au sein du Crédit Mutuel ».

@EdouardLederer

En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances