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S’il a su anticiper le virage numérique, le Crédit Mutuel Arkéa ne semble pas avoir pris la mesure de l’évolution, aussi bien réglementaire que culturelle, à l’oeuvre dans son secteur.

Le Crédit Mutuel Arkéa a longtemps eu l’image du petit village breton de la banque résistant de toutes ses forces à la domination de la fédération de Strasbourg qui, au fil des ans, a agrégé autour d’elle 10 fédérations du Crédit Mutuel pour former le CM11-CIC sous l’égide de l’emblématique Michel Lucas. Sa capacité à sortir de ses frontières physiques en développant une offre de services bancaires en marque blanche pour de nouveaux acteurs digitaux a même fait d’Arkéa la coqueluche des fintech et un acteur reconnu de la banque 2.0.

 

Mais s’il a su anticiper ce virage numérique, le Crédit Mutuel Arkéa ne semble pas avoir pris la mesure de l’évolution, aussi bien réglementaire que culturelle, à l’oeuvre dans son secteur. D’un point de vue réglementaire d’abord, les spécificités locales de gouvernance propres aux mutualistes, qui avaient permis à Arkéa de dessiner sa stratégie si particulière au sein du groupe, ne sont pas pour plaire à la BCE, le nouveau superviseur unique européen en quête de grilles de lecture standardisées. Dans ce contexte, la réforme de la tête du Crédit Mutuel, c’est-à-dire la Confédération qui abrite l’organe central du groupe, sa seule structure disposant du statut d’établissement de crédit au niveau national, était un passage obligé.
Les pouvoirs publics mettent en garde le président d’Arkéa
Le président d’Arkéa, Jean-Pierre Denis, s’y oppose, car il craint de ne plus avoir les mains aussi libres que par le passé. Mais le paradigme culturel a changé au sein du groupe mutualiste à l’occasion du passage de relais entre Michel Lucas et Nicolas Théry , le nouveau président de la Confédération du Crédit Mutuel. Contrairement à son prédécesseur, ce dernier a multiplié les signes d’ouverture et de conciliation au sein du groupe mais aussi du secteur financier.

Il faut dire que Nicolas Théry est un homme du sérail :

il connaît bien la directrice du Trésor, Odile Renaud-Basso, qu’il côtoie depuis sa sortie de l’ENA, ainsi que le gouverneur actuel de la Banque de France, dont il fut un collaborateur lorsque DSK était ministre de l’Economie et des Finances. Il se dit même qu’il pourrait dans le futur prendre la présidence tournante de la Fédération bancaire française lorsque celle-ci reviendra à une banque mutualiste.

Du jamais vu du temps de Michel Lucas ! Dans ce contexte, le refus de Jean-Pierre Denis de transiger risque moins de ressembler à de la résistance qu’à de l’obstination aux yeux des autorités.

@NinonRenaud

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