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Si le salarié quitte l’entreprise, son contrat de prêt demeure Publié le 20.09.2019

Dans une telle relation, ont rappelé les juges, le salarié et son employeur sont soumis au code de la consommation et non au code du travail.

PAR RÉDACTION MIEUX VIVRE AVEC AFP

L’entreprise qui a accordé un prêt immobilier à un salarié pour l’aider à accéder à la propriété doit maintenir ce crédit en cas de licenciement ou de démission.

La clause qui prévoirait le remboursement immédiat du capital restant dû ou une indemnisation de l’entreprise pour remboursement anticipé si le salarié venait à quitter l’entreprise est nulle car abusive, ajoute la Cour de cassation.

Dans une telle relation, ont rappelé les juges, le salarié et son employeur sont soumis au code de la consommation et non au code du travail. Le salarié, dans ce contrat, est un « consommateur » et l’entreprise est un « professionnel » du crédit, même si accorder des crédits n’est pas son activité principale. Cela ressort d’une décision rendue en 1993 par la Cour de justice de l’Union européenne.

Il s’ensuit, observe la Cour de cassation, qu’une clause du contrat de prêt créant un déséquilibre au profit du prêteur serait abusive, et donc « réputée non écrite ».

Le contrat est soumis aux règles de protection du consommateur

En l’espèce, l’entreprise soutenait que la clause obligeant au
remboursement anticipé en cas de départ du salarié n’était pas abusive, car globalement le contrat présentait essentiellement un avantage pour lui en l’aidant à devenir propriétaire. Mais la Cour a écarté ce raisonnement.

L’entreprise avait accordé à un couple, dont le mari était son salarié, un prêt remboursable en vingt ans. Le salarié ayant quitté la société sept ans plus tard, elle avait réclamé le remboursement immédiat du solde restant dû et le paiement de l’indemnité de remboursement anticipé.

Une clause du contrat prévoit la résiliation immédiate du contrat en cas de « cessation d’appartenance » du salarié à l’entreprise, disait-elle, pour quelque cause que ce soit, licenciement ou démission. Elle excluait aussi les règles de protection du consommateur car n’étant pas un établissement de crédit, l’entreprise rejetait pour elle-même le qualificatif de « professionnel », et pour son salarié celui de « consommateur ». Elle concluait que la relation était celle d’un employeur qui accorde un avantage à un salarié.

A tort, ont dit les juges (Cass. Civ 1, 5.6.2019, P 16-12.519) , il s’agit d’un contrat soumis aux règles de protection du consommateur.

https://www.mieuxvivre-votreargent.fr/droit/2019/09/20/si-le-salarie-quitte-lentreprise-son-contrat-de-pret-demeure/

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Faut-il craindre une nouvelle grande crise financière dans la zone euro?

Alors que Christine Lagarde s’apprête à prendre la tête de la Banque centrale européenne, les menaces s’accumulent autour de la zone euro. L’Europe peut-elle éviter la crise? L’avis de notre expert Philippe Crevel, économiste et président du Cercle de l’Epargne.

Depuis la crise des subprimes (2008-2009) et depuis la crise de la zone euro (2010-2013), les Etats ayant adopté la monnaie unique ont mis en place de nombreux mécanismes défensifs pour éviter la réédition d’un crash financier. Les établissements financiers sont soumis à un contrôle de la part de la BCE et les obligations de fonds propres ont été renforcées. Le Mécanisme européen de stabilité (ESM) dispose de moyens importants pour intervenir en cas de crise grave. Par ailleurs, la BCE a la capacité de s‘engager dans des opérations de rachats massifs d’actifs.

Un des moyens les plus efficaces pour éviter la survenue d’une crise est l’abaissement des taux d’intérêt. Leur faible niveau rend solvable des États qui ne le seraient pas si ces taux étaient trois ou quatre points plus élevés. Dans ces conditions, une crise financière de la zone euro est peu probable.

Cette situation est-elle immuable? Qu’est-ce qui pourrait provoquer une crise financière au sein de la zone euro? Une remontée des taux assez brutale aurait des conséquences dommageables du fait du stock d’obligations à taux négatifs. Les banques, les compagnies d’assurances et les États seraient rapidement confrontés à des problèmes de solvabilité. Les investisseurs en obligations devraient faire face à des pertes massives en capital.

Prévenir la crise

Néanmoins, la surveillance des établissements financiers a été très fortement renforcée avec l’adoption de textes prudentiels comme Bâle III et Solvency II. Le ratio de fonds propres des banques sous Bâle III est ainsi passé de 7,2 à 14% de 2008 à 2018. Au niveau des États comme des banques, les autorités européennes ont pris des dispositions pour éviter la réédition d’une crise potentiellement systémique.

La BCE s’est vu confier une mission fédérale de contrôle de la place financière. Le Mécanisme européen de stabilité est entré en vigueur le 27 septembre 2012. Il prévoit de garantir la mobilisation de fonds pour faire face à une éventuelle défaillance d’un de ses membres. Il dispose d’une capacité initiale de prêt de 500 milliards d’euros sur la base d’un capital de 704,8 milliards d’euros (dont 80,55 milliards de capital « libéré » et 624,3 milliards de capital appelable).

Il peut, à des taux d’intérêts plus faibles que sur le marché, accorder des prêts à un État en difficulté, acheter des obligations des États membres bénéficiaires (sur les marchés primaire et secondaire) ou encore fournir des prêts pour assurer la recapitalisation d’établissements financiers tels que les banques. En contrepartie, les États bénéficiaires doivent s’engager à prendre des mesures précises qui conditionnent l’octroi du prêt. L’ESM est intervenu auprès des banques espagnoles de novembre 2012 à décembre 2013 pour un total de 41,3 milliards d’euros. Il a versé 6,3 milliards d’euros de mars 2013 à mars 2016 à Chypre, et 61,9 milliards d’euros à la Grèce d’août 2015 à août 2018.

La BCE exerce, par ailleurs, un pilotage pointilleux de la politique monétaire. Si son objectif reste la surveillance des prix, elle a intégré sans l’écrire d’autres facteurs comme l’emploi ou la croissance. Du fait de sa politique de Quantitative Easing, la base monétaire de la zone euro est passée de 1.300 à 3.200 milliards d’euros de 2015 à 2019.

La menace inflationniste reste faible

La hausse des taux pourrait être provoquée par une augmentation de l’inflation. Celle-ci pourrait intervenir en raison d’un changement sur le marché du travail. Avec le plein emploi, avec le vieillissement de la population, les entreprises pourraient rencontrer des difficultés croissantes pour recruter et donc relever les salaires.

Malgré tout, la menace inflationniste est faible. En effet, à l’échelle mondiale, les capacités de production excèdent la demande. Internet a généré un réseau de distribution, la vente en ligne, qui concurrence les grandes surfaces et le commerce de détail. Par ailleurs, les places de marchés digitales permettent un accroissement de l’offre comme cela a été constaté au niveau des véhicules avec chauffeur ou en matière de location saisonnière. Le vieillissement de la population et la contrainte environnementale jouent en défaveur de l’achat de biens de consommation. Cela concourt également à la baisse des prix. À contrario, un choc pétrolier lié à une crise avec l’Iran pourrait avoir des incidences sur le niveau des prix.

Le risque immobilier

Une crise peut survenir en raison d’une hausse inconsidérée de certains actifs déconnectée des rendements réels. L’immobilier est concerné par une potentielle bulle. De 2002 à 2018, le prix des maisons en zone euro a connu une hausse de plus de 60% quand celle de l’immobilier commercial a progressé de 41%. Les loyers ne suivent pas, loin de là, l’appréciation des prix. Il en résulte une diminution du rendement. Par ailleurs, les montants à emprunter pour acquérir dans les métropoles un bien immobilier augmentent. Cette progression est découplée de l’évolution des rémunérations.

Certains estiment que le marché immobilier des métropoles s’est mondialisé. La clientèle s’élargirait du fait de la mondialisation. Cette analyse n’est pas sans limite. Les personnes les plus riches n’accumulent pas des logements à faible rendement locatif pour le plaisir ou au nom du principe de précaution, la pierre étant considérée comme une valeur refuge. Une récession réduirait les capacités de remboursement des emprunteurs et pourrait avoir une série de conséquences à commencer par la baisse des prix de l’immobilier. Elle engendrerait par ailleurs des difficultés au sein des banques et des assureurs, les premiers du fait de l’accumulation de créances douteuses, les seconds en raison du risque assurantiel qu’ils portent sur les crédits.

Menaces sur les voisins européens 

L’aversion aux risques se traduit également par un gonflement de la poche obligataire. L’encours d’obligations détenu par les résidents a fortement progressé en vingt ans passant de 98 à 155 % du PIB en moyenne au sein de la zone euro. La dette publique au sein de la zone euro est passée ces vingt dernières années de 65 à 87 % du PIB. Cette accumulation de titres obligataires peut à un moment avoir un contre effet, les investisseurs jugeant qu’elle est excessive et générant ainsi un mouvement de panique. L’excès d’épargne constitue aujourd’hui un garde-fou mais qui n’est pas sans limite.

La zone euro pourrait être également confrontée à une tension sur les taux du fait d’une crise politique ou sociale survenant dans un ou plusieurs États membres. En France, la crise des gilets jaunes est intervenue en dehors des schémas classiques de contestation. Les réseaux sociaux permettent des mobilisations rapides autour de thèmes précis. L’opinion apparaît très versatile et prompte à s’opposer au pouvoir en place. L’Allemagne n’échappe pas à la règle avec la montée en puissance du parti d’extrême droite. L’Italie avec une économie à l’arrêt depuis de nombreuses années, un fort taux de chômage et un système politique déstructuré constitue un maillon faible au sein de la zone euro.

L’hétérogénéité des niveaux de vie entre les pays de la zone euro tend à s’accroître. L’écart entre l’Allemagne et la France en matière de PIB par habitant a augmenté depuis 1999 de 10 points au profit des allemands. L’hostilité des opinions face à la construction européenne s’accroît que ce soit dans les pays en difficulté comme l’Italie ou dans les pays du cœur de l’Europe comme l’Allemagne. Les populations européennes estiment que l’Union ne les protège pas assez face à la concurrence mondiale. La contraction de l’industrie est durement ressentie car elle est synonyme de baisse du niveau de vie.

Une Europe désunie face aux crises

Un des autres facteurs de crise est l’absence d’unité de la zone monétaire européenne. Depuis la crise grecque, la mobilité des capitaux a disparu entre les pays de la zone euro. L’excédent d’épargne de l’Allemagne et des Pays-Bas n’est plus prêté aux autres pays qui ont dû faire disparaître leur déficit extérieur. Cette absence de mobilité des capitaux supprime un élément clef de la solidarité financière et une des raisons d’être de l’euro. Une union monétaire sert à allouer l’épargne au financement des investissements efficaces, où qu’ils soient.

Pour rétablir la mobilité des capitaux, il faudrait rétablir la confiance en Allemagne et aux Pays-Bas dans une solvabilité durable des banques et des États des autres pays. Le maintien de forts déficits en Italie et en France dissuade les investisseurs allemands et hollandais d’opter pour l’Europe du Sud. La France du fait de la taille de son économie et de la puissance de sa sphère financière, peu touchée par les créances douteuses, n’a pas de problème de financement de sa dette.

Des impacts plus importants et rapides 

Les facteurs les plus susceptibles d’entraîner des tensions financières sont à moyen terme la remontée du chômage, la création de bulles d’endettement et l’accumulation de tensions politiques. La baisse graduelle du chômage réduit d’autant cette menace mais les emplois créés sont fragiles, précaires et peu rémunérés. En cas de retournement conjoncturel, le taux de chômage pourrait augmenter rapidement.

Auparavant, les grandes structures économiques, en particulier industrielles, avaient les capacités de gérer dans le temps les licenciements. Dans une économie fonctionnant à flux tendus, la gestion de l’emploi s’est durcie. La prochaine crise pourrait donc avoir des impacts plus importants et rapides, ce qui exigera de la part des pouvoirs publics des capacités de réaction importantes. Or ceux-ci peinent à se remettre de la dernière crise.

Philippe Crevel, président du Cercle de l’épargne

https://bfmbusiness.bfmtv.com/experts/faut-il-craindre-une-nouvelle-grande-crise-financiere-en-zone-euro-1770407.html

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Noyés sous les mails, débordés par les réunions et submergés par les tensions, les managers sont au bord de la crise de nerfs

20 septembre 2019 – Source: France info

C’est à se demander si ça vaut le coup d’être chef. Un sondage de l’Ifop, mené auprès de 1 600 Franciliens, dresse le portrait de chefs en surchauffe. Noyés sous les mails, ils sont deux fois plus nombreux que les autres à échanger des mails et des messages instantanés avec plus de 20 personnes. Ils croulent aussi sous les réunions et sont 40% à penser qu’il y en a trop, contre 25% parmi les autres salariés.

Leur salaire, plus élevé, ne compense pas

Ils ont également deux fois plus de mal à se concentrer que les autres et sont deux fois plus souvent en tension avec leurs collègues que les salariés qui n’ont pas de responsabilités managériales. Ils ont enfin du mal avec leurs propres chefs, bien plus que les salariés de la base. Pour les managers, ce sont les mêmes ennuis que pour les autres, mais multipliés par deux.

Le salaire ne compense pas cette surcharge de travail. L’Ifop a mesuré pour ce baromètre intitulé « Paris Workplace SFL », le « score de bien-être » des salariés. L’institut de sondage a interrogé ceux qui gagnent moins de 20 000 euros par an, les petits salaires. Score de bien-être : 6,6 sur dix. Les mêmes questions ont été posées aux managers qui perçoivent un salaire de plus de 80 000 euros par an. Score de bien-être : 6,8 sur dix, soit seulement deux dixièmes de point de mieux pour un salaire quatre fois plus élevé. L’argent ne suffirait donc pas à gommer les inconvénients du poste.

Le travail en open space réduirait les tensions

Il y a pour ces managers la peur de se faire virer, plus gros facteur de stress au travail, qui est très présente chez les managers. 24% d’entre eux ont souvent peur d’être licenciés, contre 9% seulement chez les autres salariés.

Avoir un bureau fermé aurait tendance à aggraver les choses, d’après cette enquête. À en croire ce sondage financé par un spécialiste de l’immobilier de bureau, on serait moins en tension avec ses collègues quand on travaillerait en contact direct avec eux. L’open space réduirait donc les tensions et il y aurait plus de managers en difficulté avec leurs collègues parmi ceux qui ont un bureau fermé.

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Disparition des distributeurs de billets, enquête sur un phénomène qui touche aussi l’Ile-de-France

Pour des questions de rentabilité, les banques suppriment peu à peu leurs guichets automatiques dans la région parisienne y compris dans des zones très peuplées où tirer de l’argent devient un casse-tête.

Par Carole SterléLe 19 septembre 2019

avec Thibault Chaffotte

On inaugure même les distributeurs de billets (DAB)! A Persan (Val-d’Oise), ville de 13 000 âmes, les habitants ont rendez-vous le samedi 28 septembre près du conservatoire pour un verre de l’amitié. Pour quel heureux événement? Célébrer un nouvel automate de la Société Générale. Le résultat d’un combat de longue haleine pour l’équipe d’Alain Kasse, le maire (DVD) qui a vu fermer les uns après les autres, les points de retraits d’argent dans sa ville. Et sans sommation. La Caisse d’Epargne, le Crédit Lyonnais… tous partis. Il ne restait plus que La Poste et le Centre Leclerc. «Sans ce DAB, le marché forain et ses 60 commerçants a bien failli être tué dans l’œuf », indique-t-on en mairie de Persan.

Pas si anodin que ça, le guichet automatique bancaire pour la vie d’une commune. Et cette vague de départs inquiète. « La situation s’aggrave, elle ne touche plus seulement la ruralité mais aussi les zones urbaines », constate ainsi Serge Maître, porte-parole de l’Association française des usagers de banques (Afub). Pour lui, la vitalité économique des villes est en jeu.

« La désertification bancaire ne cesse de s’étendre »

Le cas de Persan n’est pas isolé. A Champigny (Val-de-Marne), 78 000 habitants, quatre fermetures de banques depuis 2016 et autant de DAB. Le maire Christian Fautré (PCF) s’est fendu en août dernier, d’un courrier au ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, pour dénoncer « la désertification bancaire qui ne cesse de s’étendre » et la crainte de « voir s’instaurer de nouvelles fractures au sein de la société ».

Par Carole SterléLe 19 septembre 2019 à 06h04

avec Thibault Chaffotte

On inaugure même les distributeurs de billets (DAB)! A Persan (Val-d’Oise), ville de 13 000 âmes, les habitants ont rendez-vous le samedi 28 septembre près du conservatoire pour un verre de l’amitié. Pour quel heureux événement? Célébrer un nouvel automate de la Société Générale. Le résultat d’un combat de longue haleine pour l’équipe d’Alain Kasse, le maire (DVD) qui a vu fermer les uns après les autres, les points de retraits d’argent dans sa ville. Et sans sommation. La Caisse d’Epargne, le Crédit Lyonnais… tous partis. Il ne restait plus que La Poste et le Centre Leclerc. «Sans ce DAB, le marché forain et ses 60 commerçants a bien failli être tué dans l’œuf », indique-t-on en mairie de Persan.PUBLICITÉ

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Pas si anodin que ça, le guichet automatique bancaire pour la vie d’une commune. Et cette vague de départs inquiète. « La situation s’aggrave, elle ne touche plus seulement la ruralité mais aussi les zones urbaines », constate ainsi Serge Maître, porte-parole de l’Association française des usagers de banques (Afub). Pour lui, la vitalité économique des villes est en jeu.

« La désertification bancaire ne cesse de s’étendre »

Le cas de Persan n’est pas isolé. A Champigny (Val-de-Marne), 78 000 habitants, quatre fermetures de banques depuis 2016 et autant de DAB. Le maire Christian Fautré (PCF) s’est fendu en août dernier, d’un courrier au ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, pour dénoncer « la désertification bancaire qui ne cesse de s’étendre » et la crainte de « voir s’instaurer de nouvelles fractures au sein de la société ».PUBLICITÉ

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A Sartrouville (Yvelines), les habitants du Plateau ont crié à l’abandon au départ de la Société Générale, en juin dernier. Ils sont priés d’aller au guichet à Argenteuil, dans le département voisin. En France, ce sont 3000 distributeurs qui ont fermé en trois ans, selon le rapport de la Banque de France rendu public en juin 2019. Seule la Banque postale a augmenté son parc de 2%.

Banquiers, syndicats, élus sont à peu près tous d’accord sur l’explication de cette situation, qui tient en un mot : rentabilité. «Nous allons vers une réduction de services, trop chers à mettre en place, auxquels s’ajoutent le coût du transport de fonds et le temps passé à exploiter les dépôts ou charger le DAB», estime Mireille Herriberry, secrétaire fédérale de la section FO banques. Selon Claude, cadre financier, « cette situation est liée à la dégradation de la marge des banques en raison de la baisse des taux d’intérêts et de la concurrence avec les banques en ligne. Les clients veulent de plus en plus de services gratuits ».

Se rendre dans les communes voisines, un réflexe

En Ile-de-France et dans l’Oise, ou l’on recense 4720 DAB, tous les départements ne sont pas logés à la même enseigne. Et les disparités ne sont pas seulement liées à la densité de population.

Direction Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), près de 30 000 habitants et deux adresses seulement pour obtenir des billets : La Poste et le centre commercial Leclerc à l’extrémité de la ville. La BNP a baissé le rideau en 2017, à la suite d’« une baisse de fréquentation et de domiciliation des comptes clients ». En avril 2018, c’était au tour de la Caisse d’Epargne de déménager sur la ville d’à côté, Livry-Gargan, « dans un environnement plus facile et des locaux plus grands ».

«Le 5 du mois, il y a la queue au DAB de La Poste pour tirer de l’argent, constatent Kaltoum et Thierry, habitants de Clichy-sous-Bois. Et quand il ne fonctionne pas ou qu’on est en dehors des horaires d’ouverture, on va à Livry, à pied ou en bus. »

Se rendre dans les villes voisines pour tirer de l’argent, est devenu un réflexe. «Moi je tire mon argent à Paris », explique Betty, agent hospitalier.

« Dans les quartiers populaires, le liquide c’est culturel »

Ce qui n’est pas fait pour rassurer les commerçants, qui voient ainsi s’échapper une partie de leur clients, plus enclins à faire leurs courses là où ils trouvent de l’argent liquide. Même si certains commerces acceptent des petits paiements en carte bleue, c’est un frein à l’économie locale.

«Pour peu que notre terminal de paiement ne fonctionne pas bien, on ne s’en sort pas » lâche Yusuf Aclan, un entrepreneur qui a donc choisi de délocaliser sa pâtisserie à Sevran, plus « près des banques ». « Ici, dans les quartiers populaires, le liquide, c’est culturel, poursuit le commerçant. Quand on tire les billets en début de mois, on gère mieux son budget qu’avec une carte bleue. »

Mais la préférence du cash dépasse largement les frontières de Clichy-sous-Bois. Selon le suivi barométrique de l’Ifop pour Brink’s France paru en mars 2019, 86% des sondés préfèrent avoir des espèces sur eux pour régler les petits achats du quotidien. Et 20% estiment avoir davantage de difficulté qu’avant à se procurer des billets.

En-dessous d’un certain nombre de retraits, la ville paie

A Clichy-sous-Bois, un nouveau DAB devrait voir le jour, là aussi, au prix de longues négociations. Avec le soutien du directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), dont le directeur général Eric Lombard avait écrit à plusieurs banques pour les alerter de cette situation inégalitaire.

La BNP a accepté de revenir, non pas avec une agence, mais avec un simple automate. Le maire Olivier Klein (PS) se souvient encore d’un échange un peu vif avec un représentant de cette banque qui lui tendait sa carte de visite à une cérémonie de vœux… « Moi, j’étais plutôt en colère, les banques étaient parties les unes après les autres (NDLR : Lyonnais, BNP, Caisse d’Epargne) », se souvient l’élu, par ailleurs président de l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru). A la BNP, on indique attendre que le conseil municipal délibère sur les modalités de fonctionnement de ce futur automate.

« Les services se sont mis d’accord. La ville fait les travaux, la BNP paye le DAB, l’installation, s’assure du remplissage… Un forfait est fixé en fonction du nombre de retraits », détaille le maire, qui espère bien une mise en service à Noël. Selon nos informations, le seuil de rentabilité de ce distributeur a été fixé à 44 750 retraits par an. En deçà, la ville devrait payer 57 centimes d’euro par retrait manquant. Mais si c’est un succès, au-dessus de 65 000 retraits, ce serait à la banque de verser 28 centimes d’euros par retrait.

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La Fed injecte en catastrophe 53 milliards de dollars de liquidités dans le système financier

Les marchés ont été pris, mardi, dans un « orage parfait », forçant la Réserve fédérale américaine à intervenir pour la première fois depuis dix ans.

Par Arnaud Leparmentier – 17/09/2019

C’est le genre de mesures d’urgence qui rappelle de mauvais souvenirs, ceux de la crise financière de 2008. La Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale) a été obligée d’injecter, mardi 17 septembre dans la matinée, 53 milliards de dollars (48 milliards d’euros) de liquidités dans le système financier pour contenir le niveau des taux d’intérêt sur le repo (repurchase market).

Ce marché permet aux institutions à court de cash de trouver les fonds nécessaires pour passer la nuit, en cédant provisoirement des titres en échange, le plus souvent des bons du Trésor. Peu risquées, les opérations de repo se financent à des taux censés évoluer comme ceux de la Fed, dans une fourchette comprise entre 2 % et 2,25 %.Lire aussi  Baisse des taux de la Fed : une décision confuse et risquée

Mais ces taux de repo se sont brutalement tendus, atteignant 6 % lundi après-midi et 10 % mardi matin. Les marchés financiers ont été pris dans ce que le Financial Times appelle un « orage parfait », forçant la Fed à intervenir pour la première fois depuis dix ans. En clair, il n’y avait plus d’argent à prix raisonnable et la banque centrale de New York a dû mettre en urgence à disposition 75 milliards de dollars de liquidités (53 milliards ont été consommés).

Moins de dollars disponibles

Les explications sont multiples : d’abord, les entreprises américaines devaient payer leurs impôts le 15 septembre, ce qui a réduit la quantité de dollars disponibles. Ensuite, le Trésor américain, dont les déficits s’envolent, a procédé à des adjudications qui devaient être réglées lundi à hauteur de 78 milliards de dollars, et les banques, en les souscrivant, ont dû consommer leurs réserves en dollars. Enfin, ce même Trésor avait un niveau extrêmement bas de réserves auprès de la Fed (184 milliards de dollars le 11 septembre, contre 400 milliards, en moyenne, depuis 2015) et il aurait été tenté de remonter le niveau de son compte en banque après que le plafond de la dette a été relevé par le Congrès.

Ainsi s’expliquerait la crise. De source proche des banquiers centraux, on assure qu’il s’agit d’un problème technique et qu’il n’y a pas de loup caché. Les taux avaient d’ailleurs retrouvé leur niveau normal mardi après-midi.

Il n’empêche, l’affaire suscite des inquiétudes, alors que la Fed clôt, mercredi 18 septembre, ses deux jours de réunions. Un débat s’ouvre pour savoir s’il y a assez de liquidités dans le système financier.

Nervosité des marchés

Depuis la crise de 2008, l’Institution monétaire avait acheté les créances des banques (le fameux quantitative easing) pour maintenir la liquidité sur les marchés, mais elle a, depuis, fait marche arrière et réduit la quantité de titres en portefeuille. Résultat, les établissements bancaires ont moins de réserves de cash disponibles auprès de la Fed (1 300 milliards de dollars contre 2 900 milliards en 2014), ce qui les rend plus vulnérables à un besoin soudain de liquidités. Les interventions de ce type étaient fréquentes avant la crise de 2008, dédramatise l’économiste français Thomas Philippon, professeur à l’université de New York.

Le Financial Times explore enfin une dernière piste, celle des récents soubresauts sur le marché de l’or noir qui auraient pu créer un effet de marché. S’y ajoute le problème de l’Arabie saoudite, le royaume étant partiellement privé de recettes en dollars avec la paralysie provisoire de ses installations pétrolières. Pour honorer ses dépenses, Riyad aurait pu puiser dans ses réserves en dollars.Lire aussi : Après l’attaque aux drones, l’Arabie saoudite s’efforce de faire redémarrer ses installations pétrolières

L’affaire montre, en tout cas, la nervosité des marchés financiers en dépit de la politique accommodante des banques centrales.

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Banque : le climat social au bord de la surchauffe

Etienne Dhuit16 / 09 / 2019

Triste réalité : les banques françaises taillent dans leurs effectifs, tout en faisant régner un climat délétère auprès de leurs collaborateurs. BNP Paribas, Société Générale, Arkéa, LCL… De plus en plus d’établissements piétinent les droits des travailleurs.

Un banquier peut en cacher un autre : derrière l’image du trader millionnaire ou du financier à cigare se dissimule en effet une véritable armée de travailleurs dont les tâches, les salaires et les conditions de travail n’ont que peu à voir avec le délirant train de vie de leurs patrons. Selon la Fédération bancaire française (FBF), le secteur de la banque-assurance employait ainsi pas moins de 362 000 salariés en 2018, représentant près de 2 % de l’emploi privé en France.
 

Ces chiffres flatteurs masquent pourtant une réalité moins avouable : dans sa dernière plaquette, comme le reconnaît benoîtement la FBF, que l’on peut difficilement soupçonner d’anti-capitalisme, « les effectifs globaux (du secteur) sont en baisse (continue) depuis 2011 », date à laquelle le secteur comptait 381 000 salariés. Cette tendance se confirme ces dernières années, les effectifs des banques tricolores ayant fondu de 1 300 postes en 2016 et de 3 400 postes entre 2017 et 2018.

« Hécatombe sociale »

Nos (de plus en plus) chères banques n’ont-elles donc plus les moyens humains de leurs ambitions ? Ce n’est pourtant pas faute d’avoir reçu quantité d’aides fiscales et d’allègements de cotisations de toutes sortes de la part de l’État, donc de la poche des contribuables français. Ainsi, selon une récente évaluation réalisée par la CFDT (qui est loin d’être le plus « rouge » des syndicats), les banquiers et assureurs hexagonaux auraient bénéficié de quelque 13,5 milliard d’euros d’économies entre 2014 et 2018. Le tout sans aucune contrepartie ou presque. Tout en reconnaissant qu’il « n’y a pas eu d’accident industriel majeur », Luc Mathieu, secrétaire général de la CFDT banque et assurance, explique ainsi aux Échos le « sentiment (de) colère » agitant une profession plus déstabilisée que jamais.
 

Et pour cause : en Europe comme en France, une véritable « hécatombe sociale » est à l’œuvre dans le secteur, pour reprendre l’expression du quotidien économique, que l’on ne peut pas davantage que la FBF accuser de marxisme primaire. Les chiffres font froid dans le dos et parlent d’eux-mêmes : 500 suppressions de postes chez BP2S, la filiale de conservation de titres de BNP Paribas, soit une baisse de 20 % de ses effectifs d’ici 2021 ; 1 600 à la Société Générale ; un nombre inconnu de suppressions d’emplois chez HSBC, si la banque devait finalement se séparer de son réseau français ; 1 400 postes en moins chez le banque-assureur belge KBC ; 3 000 chez Barclays ; et même 18 000 postes rayés de la carte par l’allemande Deutsche Bank, soit un cinquième de ses effectifs.

Arkéa court-circuite les élus du personnel

En plus de la fonte programmée des emplois, la détérioration du climat social est monnaie courante dans le secteur. Dans un article publié par Mediapart le 12 septembre dernier, on apprend ainsi que la direction de la banque Arkéa, filiale bretonne du Crédit Mutuel, « court-circuite les élus du personnel », recrutant des « collaborateurs volontaires » pour s’atteler, en lieu et place des instances représentatives des salariés, à l’évaluation des situations de mal-être au travail.
 

Un véritable « système de surveillance des salariés », selon un responsable syndical interrogé par le journal en ligne, se déclarant « ahuri du lancement de cette initiative qui est avant tout une opération de communication interne ». La direction d’Arkéa, qui mène une bataille interne pour convaincre ses collaborateurs du bien-fondé de son projet d’indépendance (qui va, ô surprise, supprimer une soixantaine de postes après le rachat de Socram Banque) « va encore plus se rendre aveugle aux situations de travail (…) dangereuses », conclut le représentant du personnel.

Ras-le-bol généralisé

L’instauration d’un climat pesant au sein des banques ne date pas d’hier. Déjà en 2017, le syndicat Force Ouvrière (FO) de LCL lançait une « alerte sur la santé des salariés », considérant que le « projet de bilan social 2016 » contenait des données « alarmantes » ne faisant que « confirmer » les témoignages « de salariés en détresse et en souffrance », en raison, toujours selon FO, d’un « manque criant d’effectifs » et d’une « non-reconnaissance persistante » du travail accompli, menant même à « plusieurs suicides et tentatives de suicide ».
 

Même son de cloche en 2018 de la part des syndiqués de la Société Générale ayant fait part du « mécontentement grandissant » des salariés et d’une « dégradation (de leurs) conditions de travail », après qu’une enquête interne à la banque en 2016 ne démontre que 26 % de ses employés étaient en état de stress et 22 % en état de « stress élevé » pouvant « avoir un effet sur (leur) santé psychologique et physique ».
 

Un ras-le-bol partagé par les salariés de BNP Paribas, où le nombre de salariés en « sur-stress » (le « niveau à partir duquel le stress est un facteur de risque pour la santé ») a bondi de 27,6 % en 2012 à 32,6 % en 2015. Déjà en 2010, une enquête révélait que 41 % des employés bancaires étaient exposés au « job-strain », qui se caractérise par une forte demande psychologique et une faible latitude décisionnelle, contre 23 % pour l’ensemble des salariés.
 

Selon une autre enquête datant de 2017, 37 % des salariés du secteur estiment leur sécurité de l’emploi menacée et 28 % se jugent incapables de faire le même travail jusqu’à leur retraite. Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce qu’en avril dernier, la quasi-totalité des syndicats représentatifs du secteur ait bloqué l’accord de branche sur les « CDI d’opération », créés par les ordonnances Macron de septembre 2017 et qualifiés par l’intersyndicale de « CDI Kleenex ».

https://www.miroirsocial.com/participatif/banque-le-climat-social-au-bord-de-la-surchauffe

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Les seniors, appelés à travailler plus longtemps, et pourtant mal-aimés des entreprises et des recruteurs Par Béatrice Madeline Publié le 15 septembre 2019 à 16h31

ENQUÊTEC’est un paradoxe du marché du travail français : alors que les actifs sont appelés à travailler de plus en plus longtemps, les 55-64 ans ont un taux d’emploi inférieur à la moyenne de l’Union européenne.

Après environ sept ans passés dans une belle agence de communication, Sylvie Heas avait envie d’évoluer. Elle répond à une offre d’emploi qui correspond à son profil, décroche un premier entretien téléphonique. Au bout de trente minutes d’un échange positif, la recruteuse lui propose de fixer un rendez-vous. Tout se présente pour le mieux. Jusqu’à ce que, soudain, elle réalise que Sylvie Heas n’a pas précisé son âge sur son CV. Elle pose donc la question. A l’annonce de la réponse – 56 ans –, l’échange tourne court. Plus de rendez-vous en perspective. « C’est qu’au-delà de 45 ans, mon client ne veut embaucher personne…. », explique la recruteuse à la candidate interloquée.

C’est l’un des nombreux paradoxes du marché du travail français et une difficulté de taillepour la réforme des retraites en gestation. Alors que les individus sont appelés à travailler de plus en plus longtemps, les seniors – entendez par là les plus de 45 ans, selon la terminologie couramment admise dans le monde du travail… – sont les mal-aimés des entreprises et des recruteurs. Selon l’étude d’ADP The Workforce View in Europe, rendue publique début septembre, plus d’un tiers des salariés français estime avoir subi une forme de discrimination au travail liée à son âge.

Voilà pour la perception. L’examen statistique confirme ce sentiment d’inégalité.
Malgré une nette amélioration depuis une dizaine d’années, due notamment à l’arrêt des cessations anticipées d’activité (préretraites), la situation des seniors sur le marché du travail n’est guère enviable.

Le taux d’emploi des 55-64 ans s’établit à 51,3 % en 2017 en France, un niveau inférieur à celui de la moyenne de l’Union européenne (UE), où il est de 57,1 %. Pour la tranche d’âge des 60-64 ans, le décrochage français est encore plus net : 29,4 % contre 42,5 %. Le taux d’emploi est environ deux fois plus élevé en Allemagne, en Estonie, au Danemark, en Estonie, au Pays-Bas… Il dépasse même les 60 % en Suède (68 %), en Norvège (66 %) ou en Suisse (61 %)… et atteint 82 % en Islande.

« En France, seul le secteur automobile a fait de réels efforts »

Les Français seraient-ils les champions de la retraite prise le plus tôt possible ? Pas vraiment. En réalité, ce faible taux d’emploi se traduit par une très grande diversité de situations : ni au travail ni à la retraite, les seniors naviguent dans une zone grise, entre arrêts maladie, invalidité ou chômage. « Entre 55 et 64 ans, une part non négligeable des travailleurs passe par l’inactivité », souligne Marion Gilles, chargée de mission au département Etudes, capitalisation & prospective à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).

De très nombreuses sorties de la vie active sont liées à des problèmes de santé. Exigences physiques trop élevées, pression trop forte, horaires décalés, travail de nuit… tout cela accélère l’usure des salariés.

« En France, seul le secteur de l’automobile a fait de réels efforts pour adapter les postes au vieillissement des salariés », estime Marc Raynaud, président fondateur de l’Observatoire du management intergénérationnel (OMIG).

Ni au travail ni à la retraite, les seniors naviguent dans une zone grise, entre arrêts maladie, invalidité ou chômage

L’autre motif de sortie du marché du travail à partir de la cinquantaine, c’est le licenciement. « ll ne faut pas devenir chômeur quand on est senior, pointe Gérard Cornilleau, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), car alors on n’a quasiment aucune chance de retrouver un emploi. » En effet, si le taux de chômage des seniors est inférieur à la moyenne de la population, il dure beaucoup plus longtemps et les perspectives de retrouver un emploi sont minimes, particulièrement pour les femmes ou les personnes les moins qualifiées. « Que faire des salariées licenciées à 55, 56 ou 57 ans, avant qu’elles ne puissent toucher leur retraite ? Le risque est d’assister à un appauvrissement massif des vieux », s’inquiète M. Cornilleau.

En 2016, le taux mensuel de sortie des listes de Pôle emploi pour reprise d’emploi ne s’établit ainsi qu’à 1,6 % pour les 50 ans et plus, contre 6,2 % pour les moins de 25 ans, et 3,7 % pour les 25-49 ans. Le taux de sortie des listes baisse même à 1,3 % pour les plus de 55 ans, et à 1,2 % pour les 60-64 ans.

Au final, l’enjeu est donc triple : inciter les entreprises à conserver les seniors dans leurs rangs, mais en veillant à adapter les postes et les conditions de travail ; améliorer l’employabilité des seniors en continuant à former les salariés au-delà de 50 ans pour favoriser leur maintien dans les entreprises ; trouver des pistes pour faciliter le retour à l’emploi des chômeurs âgés.

Une expertise recherchée

Pour y parvenir, le préalable est sans doute de changer les mentalités et les représentations collectives des salariés matures et de leur capacité à « rebondir ». Trop rigides, pas assez agiles, trop expérimentés mais pas assez formés, trop chers, insuffisamment mobiles, planqués… Les seniors se voient accusés de bien des maux, parfois avec la plus grande mauvaise foi. Marie-Hélène Davos, 54 ans, a fait l’essentiel de sa carrière à La Poste comme cadre supérieur. Elle s’étrangle quand elle repense à cet entretien avec une recruteuse qui lui reprochait, d’un côté, d’avoir passé plus de vingt ans auprès du même employeur, et, de l’autre, « de ne pas pouvoir s’engager plus de six ans auprès d’un hypothétique nouvel employeur, puisqu’elle partirait ensuite à la retraite »…

Toutefois, on ressent un léger frémissement depuis un à deux ans. Est-ce la baisse du chômage qui laisse moins de latitude aux employeurs ? Le juste retour de balancier quand des équipes trop jeunes ont fait la démonstration de leurs limites ? La prise de conscience qu’il faudra bien « faire avec » les seniors puisque la population active vieillit inexorablement ? Les entreprises commencent à regarder cette population d’un œil plus bienveillant. Pas toutes, bien sûr : « L’évangélisation prend du temps, témoigne Amélie Favre-Guittet, la directrice de Madircom, un cabinet de conseil RH, mais les choses bougent un peu. »

Les PME, qui emploient un peu moins d’un salarié sur deux en France et qui peinent à recruter, voient arriver avec bonheur les candidatures de personnes expérimentées. Les start-up, elles aussi, commencent à se tourner vers cette population capable d’apporter une expertise qui peut manquer aux équipes. « On travaille de plus en plus avec des investisseurs qui veulent voir arriver des seniors sur des postes-clés : ressources humaines, finances, développement international », précise Mme Favre-Guittet.

Sensibilisation à la diversité générationnelle

Laurent Klein, qui vient de créer une entreprise sociale et solidaire, Bounce-in-Blue, dont le projet est de remettre le pied à l’étrier aux cadres en inactivité par le biais du management de transition, approuve. Pour lui, beaucoup de start-up ou de très petites entreprises sont intéressées par « la séniorité, l’expérience ». Sans aller jusqu’à embaucher des seniors en CDI : la formule qu’il propose, celle de confier des missions à des cadres confirmés, convient bien à sa clientèle encore frileuse. Les grandes entreprises, particulièrement dans l’industrie, ont aussi besoin d’expertises pointues, que seule permet une longue expérience.

A la tête du cabinet Expering, Jean-Charles Marcos fournit des intérimaires de haut vol à des entreprises de défense, de transport, de BTP, d’aéronautique… « Un expert du béton appliqué à la construction de centrales nucléaires, il n’y en a pas quarante en France, explique-t-il. Les entreprises sont prêtes à renforcer leurs équipes avec des gens âgés, mais sur les postes techniques. En revanche, sur les postes de management, c’est plus compliqué…. » La rémunération, si elle n’est pas justifiée par une expertise particulière, reste un obstacle à l’embauche, comme le reconnaissent à mi-voix les recruteurs.

Rares sont encore les grands groupes qui ont opté pour une réelle politique de développement de l’employabilité des catégories les plus âgées. Lorsque cette politique existe, elle organise surtout la transmission des compétences, avec des formes de mentorat ou de tutorat, comme au sein du groupe Airbus ou chez Total. D’autres groupes ont mis en place des programmes de sensibilisation à la diversité générationnelle, tel « Octave », lancé chez Danone.

« La question de maintenir en emploi les seniors ne constitue pas une priorité d’action dans les entreprises, remarque à ce sujet Marion Gilles, de l’Anact. Elles peuvent cependant s’engager dans des politiques plus actives de prévention si elles comprennent que cela a un lien avec d’autres problématiques, comme l’absentéisme ou la démotivation. »

« Deuxième partie de carrière »

Chez Saint-Gobain, où l’on aime mieux parler de « deuxième partie de carrière » que de seniors, les plus de 45 ans font l’objet d’une attention particulière. Entretiens orientés vers leurs souhaits d’évolution en termes de métier ou de fonction, suivi médical spécifique, formations (y compris sessions de préparation à la retraite…), aménagement des conditions de travail, et enfin mentorat inversé (reverse mentoring), où ce sont les plus jeunes qui initient les plus âgés aux joies du numérique et autres avancées technologiques.

« L’entreprise d’aujourd’hui est une entreprise où se confrontent trois générations, et les juniors qui arrivent ont des choses à apprendre… mais eux aussi peuvent apporter des choses aux autres générations », argumente Régis Blugeon, son directeur des ressources humaines France. C’est sans doute aussi un enjeu crucial pour un groupe qui compte un tiers de salariés de plus de 45 ans, sur un effectif de 43 000 collaborateurs en France, que de pouvoir les faire évoluer et monter en compétences.

A la Française des jeux, où l’on prête également une attention particulière à cette catégorie, l’accent est mis sur la formation. « Les collaborateurs de 50 ans ont encore quinze ans de vie professionnelle devant eux, c’est une bonne raison pour continuer à les faire bénéficier de formations de développement de leurs compétences », explique Pierre-Marie Argouarc’h, directeur Expérience collaborateur et transformation du groupe FDJ. Désormais, il est obligatoire pour les seniors de se former au moins une fois par an – le groupe a renforcé le catalogue à leur intention – et n’hésite pas à recruter des seniors.

M. Argouarc’h y voit un avantage majeur : faciliter la gestion des emplois à moyen terme. « J’ai embauché un homme de 57 ans à un poste difficile à pourvoir, explique-t-il. Je sais qu’il partira à la retraite à 62 ans, donc je sais quand je dois lui trouver un remplaçant. » Avec en prime la certitude qu’il ne sera pas débauché entre-temps par un concurrent.

Les entreprises vont-elles pouvoir faire l’économie d’une véritable réflexion sur la place des seniors dans leurs organisations ? Aller au-delà de l’idée de la transmission pour réellement capitaliser sur l’expérience, les compétences des seniors, et leur loyauté vis-à-vis des employeurs ? Dans un rapport publié fin août (Ageing and Employment Policies, Working Better with Age), l’OCDE avance également des pistes en matière de politique publique : éviter que les allocations de chômage soient utilisées comme alternatives à la préretraite, inciter les entreprises à recruter des seniors, travailler sur leur employabilité. Des politiques qui, si elles sont bien mises en œuvre, fonctionnent « dans le sens attendu », selon l’OCDE.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/15/emploi-des-seniors-un-leger-fremissement_5510707_3234.html

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Credit Mutuel ARKEA : une offensive de la direction pour court-circuiter les syndicats 12/09/2019

ll semble que les hauts dirigeants d’Arkea se complaisent à vivre dans la tension, peut-être pour justifier leur rémunération élevée (voir Les dirigeants d’Arkea seraient nettement mieux rémunérés que ceux de l’Alliance Fédérale du Crédit Mutuel)

Ils semblent, sans pouvoir avouer qu’ils ont trompé ceux des sociétaires et salariés à qui ils avaient promis une séparation aisée de la Caisse Nationale du Crédit Mutuel (voir La séparation des Crédits Mutuel de Bretagne et du Sud-Ouest de la fédération nationale n’est pas un long fleuve tranquille) devoir lever le pied, affaiblis par le départ effectif d’une des trois composantes (voir Crédit Mutuel : Arkea doit prendre acte du départ effectif du Massif central) et la multiplication des obstacles, en particulier les injonctions de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque de France, pourtant prévisibles et largement annoncés, dans un contexte plus favorable à la concentration des banques qu’à leur multiplication.

Après une tentative peu convaincante de justification théorique d’une évolution (voir La banque collaborative est-elle la version moderne de la banque coopérative comme l’affirme le directeur général d’Arkea ?) qui peut s’apparenter à une fuite en avant (voir Socram Banque vendue à Arkea), la banque tend à aligner ses pratiques sur ses concurrents, au détriment de ses sociétaires (voir En réduisant le nombre de ses distributeurs, le Crédit Mutuel de Bretagne réduit le service rendu à ses clients sociétaires)

Et elle ouvre un nouveau front vis-à-vis des organisations syndicales, comme le relève Laurent Mauduit dans Médiapart, avec deux dimensions engagées simultanément.

La première vise à les court-circuiter.  La direction des relations humaines de la banque vient de prendre une initiative qui ne peut qu’inquiéter les élus du personnel. Elle a, en effet, annoncé aux salariés qu’elle avait l’intention mettre à la place un réseau nommé Bien-être au travail, implanté dans toutes les unités de travail, composé de volontaires choisis par la direction, et supposé alerter celle-ci sur le climat interne de l’entreprise, comme le montre la fiche de présentation.

La deuxième, profitant des changements introduits dans les institutions représentatives  du personnel par les ordonnances travail, consiste à minimiser le rôle du futur CSE, le réduisant au strict minimal légal, et à réduire drastiquement les moyens accords aux élus du personnel.

L’intersyndicale CFDT, CGT, SNB CFE-CGC, UNSA proteste dans un tract commun contre cette conception minimale et a saisi par courrier la Ministre face à ce qu’il considère comme une déloyauté de la direction « Le gouvernement avait prévu un socle minimal pour laisser place à une négociation honnête et loyale, construite avec les organisations syndicales. Problème : la direction se borne à la loi et rejette la quasi-totalité des propositions formulées par les organisations syndicales, preuve du peu d’estime réelle qu’elle a pour ses salariés et leurs représentants »

Il semble que ces dirigeants qui semblent avoir besoin du conflit pour assurer leur position aient la mémoire courte et aient oublié le très dur conflit qui avait secoué le Crédit Mutuel de Bretagne il y a quelques années (voir Grève signifiante au Crédit Mutuel de Bretagne : les valeurs mutualistes rappelées par les grévistes à une direction qui s’en affranchit pour elle même), suite à un décalage entre les bons résultats de la banque et les retombées sur les salariés (à l’exception, bien sur, des plus hauts dirigeants)

https://blogs.alternatives-economiques.fr/abherve/2019/09/12/credit-mutuel-arkea-une-offensive-de-la-direction-pour-court-circuiter-les-syndicats

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Latour Capital et Sogecap entrent au capital de Primonial

Franck Joselin  11/09/2019 L’AGEFI Quotidien

Le groupe a officialisé la sortie d’Arkéa et précisé qu’Aberdeen, Grosvenor et LGT co-investissaient avec Latour Capital.

Cela fait des mois qu’il est question de la réorganisation du capital de Primonial. C’est maintenant chose faite. Bridgepoint, jusqu’alors détenteur de 56% de l’entreprise, se séparera d’une partie de ses parts pour passer à 35%, tandis qu’Arkéa cédera la totalité des 29,1% qu’il détenait – après en avoir vendu un peu plus de 15% en 2017. Latour Capital, qui était déjà actionnaire entre 2015 et 2017, entre à hauteur de 35%, sous la forme d’un fonds, Latour 3, et d’un co-investissement avec Aberdeen Standard Investments, Grosvenor Capital et le Liechtenstein Global Trust (LGT, la banque privée et le groupe de gestion d’actifs de la maison princière du Liechtenstein). Par ailleurs, Sogecap, la société d’assurance-vie du groupe Société Générale se portera actionnaire de Primonial à hauteur de 18,5% via son actif général. La part du personnel passera de 14,1% à 11,1% et la fondation AlphaOmega conservera 0,4% du capital, contre 0,7% précédemment. La finalisation juridique de l’opération aura lieu en décembre.

Au mois de janvier dernier, un peu moins d’un an après l’entrée de Primonial au capital de la Financière de l’Echiquier (LFDE) – le gestionnaire est maintenant détenu à 100% par le groupe –, la société avait mandaté Rothschild et JPMorgan pour trouver un repreneur. Mais la sortie industrielle n’est finalement pas la solution qui a été retenue, aucun repreneur n’ayant été trouvé pour une société dont les chiffres de valorisation qui circulaient à l’époque atteignaient deux milliards d’euros. De la même manière, la société n’a pas non trouvé de fonds susceptible de prendre une part majoritaire au capital. Elle s’est finalement repliée sur une solution mêlant fonds d’investissements et sociétés financières.

Ce nouvel actionnariat doit aider le groupe à franchir un nouveau cap dans son développement, notamment dans sa volonté d’accroître sa présence à l’international et de faire davantage connaître sa marque auprès du grand public. Alors que ses encours sont passés de 19 milliard d’euros en 2016 à 37 milliards fin 2018, il anticipe près de 45 milliards d’euros sous gestion à la fin de l’année. «Avec un grand fonds de capital-investissement, nous aurions bénéficié de moins de synergies qu’avec nos nouveaux partenaires», explique Stéphane Vidal, le président de Primonial. En interne, d’autres confirment que «si les synergies avec Grovenor et LGT ne seront pas, au départ, faciles à trouver, celles avec Sogecap et Aberdeen sont beaucoup plus naturelles».