La start-up Curve veut proposer en fin d’année une « méga carte », regroupant en un unique moyen de paiement l’ensemble des comptes bancaires de l’utilisateur. Il rejoint la solution « Max » du Crédit Mutuel Arkéa, lancée en 2017, qui propose déjà un tel service d’agrégation.

Par FLEUR BOURONPublié le 29/07 

Le modèle Netflix – qui revient à agréger en un seul lieu les films et séries produits ailleurs – inspire les start-up de la finance. C’est le cas de la fintech britannique Curve, avec sa carte de paiement unique qui permet à l’utilisateur de régler avec n’importe lequel de ses comptes bancaires. Curve – qui doit se lancer ces prochains mois en France – a levé 49 millions d’euros mi-juillet, auprès du fonds d’investissement Breega et de Santander InnoVentures, entre autres.

Dans le détail, la start-up cible les clients multi-bancarisés, disposant d’un compte d’entreprise, compte personnel, commun, ou en ligne… Elle propose ainsi un « agrégateur de cartes » couplé à une application permettant de choisir le compte à débiter au moment du paiement, ou même plus tard.

Le « Netflix » de la banque

« Le secteur bancaire connaît aujourd’hui la même révolution que le secteur des télécommunications il y a quelques années », explique Ben Marrel, co-fondateur du fonds d’investissement Breega, les régulateurs poussant à l’ouverture du marché. Outre les néo-banques – en concurrence frontale avec les banques, d’autres choisissent, comme Curve, une stratégie dite « over the top », venant compléter « l’infrastructure bancaire existante », complète Ben Marrel. Ces solutions modernisent un système bancaire existant jugé rigide face aux transformations digitales, estime Ben Marrel.

Curve n’arrive toutefois pas en terrain vierge. Crédit Mutuel Arkea a, depuis 2017, lancé  son offre Max , qui ne cesse de s’élargir. Agrégateur de cartes, conseiller, services non bancaires de conciergerie,… « la néobanque n’est qu’un sous-ensemble des offres que l’on propose. Nous sommes un assistant personnel qui couvre l’ensemble des services », explique Didier Ardouin, directeur général de Max. Cependant, « on ne s’inscrit pas en concurrence[avec d’autres établissements bancaires] car nous ne demandons pas aux clients de changer de banque », souligne-t-il. Max comme Curve soulignent la complémentarité du modèle bancaire traditionnel et de leurs solutions.

Un business model rémunérateur

Ces nouveaux acteurs se rémunèrent sur les flux d’argent qui transitent par la plate-forme. Ils espèrent bien y voir passer l’intégralité des transactions, sous réserve que le modèle séduise les utilisateurs. Pas d’inquiétude chez Curve qui vise le million de clients d’ici fin 2019. « Le panier moyen de flux chez Curve est de 1.900 euros par mois, contre 250 euros pour une néo-banque », explique Ben Marrel.

La start-up lancera une campagne de communication pour se faire connaître en France à la fin de l’année. « Il y a encore de la place sur le marché. Les opportunités se situent sur des niches ou des verticales particulières. Il faut bien savoir cibler les clients », annonce Ben Marrel. Selon une étude du cabinet KPMG, ces opportunités ont conduit à la création de 18 néobanques en France. Cependant, 3 d’entre elles comptabilisent 85 % des ouvertures de comptes, un constat qui corrobore l’analyse de Ben Marrel : à terme, ce ne seront que quelques nouveaux acteurs qui s’imposeront et l’on reviendra à cette concentration propre au système bancaire, selon lui.

https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/le-britannique-curve-espere-seduire-la-france-avec-sa-mega-carte-1041274

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