Sans aucune trace de la guerre de tranchées qui sévit en son sein, le Crédit Mutuel affiche une bonne santé. Le groupe bancaire mutualiste a dégagé un bénéfice net de 3,5 milliards d’euros en 2018, en hausse de 17,7%, « le plus élevé de son histoire » s’est félicité Nicolas Théry, le président de la Confédération nationale, l’organe central, lors d’une conférence de presse ce mercredi 6 mars. Il y a deux semaines, il s’était déjà réjoui du résultat « le plus important jamais réalisé » par le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, le plus gros groupe régional (onze fédérations autour de l’historique de Strasbourg), qu’il préside également : à lui seul, l’ex-CM11-CIC a dégagé près de 3 milliards d’euros de bénéfice !
Le breton Arkéa, qui souhaite son indépendance, est l’autre groupe à tirer les résultats de l’ensemble mutualiste avec un bénéfice net de 437 millions d’euros, qui « a établi un nouveau record » avait souligné Jean-Pierre Denis, le président, la semaine dernière.
Les autres groupes régionaux sont moins imposants, le Crédit Mutuel Nord Europe suit avec un résultat de 152 millions d’euros, puis l’ensemble Maine-Anjou-Basse-Normandie (79 millions d’euros), Océan (45 millions d’euros), etc.
Résilience du modèle
La hausse du résultat net du groupe est avant tout due à une baisse de la charge d’impôts : en 2017, le Crédit Mutuel avait dû payer la « surtaxe » exceptionnelle (plus de 300 millions d’euros), imposée aux grands groupes après l’annulation de la taxe sur les dividendes. Le produit net bancaire est en recul de 1,3% à 17,5 milliards d’euros, du fait de l’impact de la chute des marchés financiers en fin d’année sur les portefeuilles et les activités de banque d’investissement (-4,3%). L’activité de cœur de métier, la banque de détail, affiche une croissance de 1,4%, malgré le contexte de taux bas.
«Ces résultats reflètent la résilience du modèle du Crédit Mutuel, diversifié, multi-services, qui est extrêmement robuste » a fait valoir Pascal Durand, le directeur général de la Confédération nationale, qui a annoncé son départ, pour des raisons familiales et un projet entrepreneurial, dans «l’accompagnement des jeunes en fragilité psychique », au sein de la Fondation du Crédit Mutuel.
La nomination de son successeur, Pierre-Edouard Batard, polytechnicien de 34 ans et DG adjoint depuis un an, devra être approuvée en assemblée générale le 26 mars prochain. Il aura la lourde tâche de reprendre les discussions chaotiques avec Arkéa. Le mois dernier, la Confédération a adopté une décision à caractère général décrivant le processus de demande de désaffiliation.
« La Confédération a fait la part du boulot. Elle n’est saisie d’aucun projet de désaffiliation » a déclaré Nicolas Théry.
Il a rappelé que sa préférence allait au maintien de l’unité du groupe qui s’est placé « au premier rang des banques françaises au terme des stress tests » de l’Autorité bancaire européenne en novembre dernier.
De son côté, la direction d’Arkéa a fait remarquer la semaine dernière que le groupe n’avait « jamais attiré autant de clients : c’est un signe de confiance dans la banque. La perspective de la sortie du groupe visiblement ne refroidit personne » avait plaidé Ronan Le Moal.
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