Jean-Pierre Denis (Arkéa) inquiété dans l’affaire Kering

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Le président du Crédit Mutuel Arkéa pourrait être inquiété par la jutisce française, en sa qualité d’administrateur de Kering, concernant les pratiques fiscales illégales du groupe de luxe français.

Alors que les rêves d’indépendance de Jean-Pierre Denis, président d’Arkéa, la filiale du Crédit Mutuel, ont pris du plomb dans l’aile — ce dernier n’ayant toujours pas été en mesure de fournir un projet de scission valable aux autorités bancaires françaises et européennes ainsi qu’à la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM), qui l’exigent depuis un certain temps maintenant — M. Denis pourrait voir la justice frapper à sa porte dans le cadre des récentes révélations de fraude fiscale de l’entreprise Kering, dirigée par François-Henri Pinault.

L’affaire Kering

Après de premières révélations, en mars 2018, concernant le système d’optimisation fiscale ayant permis au géant français du luxe d’évader 2,5 milliards d’euros d’impôts en Europe, Mediapart vient de lever le voile sur le montage financier illégal mis en place par Kering (ex PPR) destiné à rémunérer l’ancien PDG de Gucci, Patrizio Di Marco.

Dans un article publié fin janvier, au titre particulièrement évocateur — «?Kering : les paiements au Panama et les mensonges au Sénat?» —, le média français accuse ainsi le milliardaire François-Henri Pinault, PDG du groupe, de pratiquer «?l’évasion fiscale à tous les étages?». Et ce à travers plusieurs pays : Suisse, Luxembourg, Panama…

Différents «?montages offshore?» avérés, révélés par Mediapart — documents internes à l’appui —, que Kering a niés devant le Sénat français à deux reprises. L’un de ces montages bénéficiait directement, outre au géant du luxe, à Patrizio di Marco, le patron de Gucci (de 2008 à 2014), la marque phare de Kering. Pour lequel son employeur aurait mis en place un système de rémunération illégal, lui ayant permis de ne payer «?que?» 100?000 euros d’impôts sur le revenu par an en Suisse. Soit un taux d’imposition de 2 %, «?20 fois moins qu’en Italie?», où il aurait dû être imposé, renseigne Mediapart.

«?Courrier embarrassant?» pour Jean-Pierre Denis

Cette affaire pourrait éclabousser Jean-Pierre Denis en raison de son poste d’administrateur chez Kering : dans une lettre adressée à Patrizio di Marco, le 26 mars 2013, François-Henri Pinault affirme au PDG de Gucci qu’il pourra facturer des honoraires de 1,1 million d’euros et aura droit à un «?second bonus calculé sur les résultats du groupe à long terme?» et précise que «?le montant [du bonus] a été fixé “‘sur les conseils du comité des rémunérations”’ du conseil d’administration de Kering?», dont faisait partie, entre autres, Jean-Pierre Denis. Un courrier «?embarrassant pour les personnalités qui siégeaient à l’époque dans ce comité?», conclut Mediapart.

Ces révélations ne sont pas de bon augure pour Jean-Pierre Denis. D’aucuns estiment en effet qu’elles apportent un éclairage nouveau sur sa volonté indéfectible de sortir du giron du Crédit Mutuel. Déjà pointé du doigt pour son salaire supérieur à beaucoup de dirigeants du CAC 40 — 1,6 million d’euros en 2017 —, et sa présence au fonds financier Tikehau Capital aux côtés de François Fillon, sous le coup d’une enquête pour des soupçons d’emplois fictifs, le président d’Arkéa est aujourd’hui inquiété dans une affaire d’évasion fiscale qui vient appuyer les dires de certains, selon lesquels, pour Jean-Pierre Denis, le profit prime sur le reste. Ces révélations contrastent par ailleurs avec le bien-être de la Bretagne, celui des salariés et sociétaires d’Arkéa qu’il prétend défendre avec son projet de scission. Le ciel s’assombrit pour Jean-Pierre Denis.

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