Les syndicats de la Société Générale ont lancé un appel à la grève après le mouvement qui s’est déroulé la semaine dernière chez BNP Paribas. Les négociations sur les salaires sont tendues dans le secteur.
Après BNP Paribas SA, la Société Générale s’apprête à son tour à connaître un mouvement social. Annoncé ce vendredi, l’appel au débrayage, relayé par les trois syndicats représentatifs de la banque rouge et noire (CGT, CFDT, CFTC) ainsi que par FO, entend faire remonter le «mécontentement grandissant» d’une partie des salariés, selon plusieurs sources syndicales. Ces derniers seront appelés à débrayer ce vendredi 14 décembre, pour 1 heure ou 2 heures, voire la journée. Le principal syndicat du groupe bancaire, le SNB-CFE-CGC (cadres), n’a en revanche pas appelé à la mobilisation.
Contactée par L’Agefi, la Société Générale n’a pas souhaité faire de commentaire. A l’instar du mouvement social qui a conduit à plusieurs fermetures d’agences chez BNP Paribas, la grève que va connaître le réseau de la banque rouge et noire trouve son origine dans le résultat des négociations annuelles obligatoires (NAO). Si la Société Générale s’est notamment engagée sur une augmentation de 1% des salaires inférieurs ou égaux à 31.000 euros, avec un plancher de 250 euros, complétée par un intéressement exceptionnel de 1.000 euros, elle a en revanche repoussé toute augmentation générale pour la septième année consécutive. En parallèle, la banque a aussi souhaité revoir à la baisse le dispositif de primes liées à l’obtention de la médaille du travail, ainsi que celui sur les indemnités de fin de carrière (IFC).
«La direction fait les poches des salariés»
«Avec un tel accord, un salarié de 40 ans avec une rémunération de 31.000 euros va perdre au minimum 4.500 euros de droit à IFC, que ne compenseront pas les 1.000 euros d’intéressement exceptionnel. La direction a donc pour objectif de lui faire les poches d’au moins 3.500 euros nets», souligne une communication de la CGT. «La NAO n’a pas été au niveau de nos attentes, car en dehors de l’augmentation des plus bas salaires, nous n’avons eu aucune mesure pérenne depuis les six dernières années. La direction nous enlève des avantages sociaux alors même qu’elle ne reconnaît pas les efforts des salariés dans un contexte de dégradation des conditions de travail», souligne-t-on à la CFDT.
Les syndicats réagissent notamment aux plans d’économies décidés par les grands groupes bancaires. Sur trois ans, le plan de la Société Générale va se traduire par une baisse des effectifs de 3.450 postes dans les agences et les emplois administratifs, auxquels s’ajoutent des diminutions dans les services centraux. Chez BNP Paribas SA, qui souligne dédier une enveloppe de 1,5% de la masse salariale cette année pour les augmentations individuelles, les effectifs du réseau doivent diminuer de 3% d’ici 2020. Le mouvement social de mardi dernier a été suivi au sein de la banque de la rue d’Antin, qui a communiqué sur un volume de 8% d’heures débrayées. Les syndicats évoquent quant à eux un taux de participation avoisinant 40% à 50%.
«Des dirigeants focalisés sur leur coefficient d’exploitation»
«Le mouvement a davantage été suivi en province qu’à Paris», souligne un syndicaliste du SNB, qui avait soutenu l’appel à la grève. Attentive à cette grève, inédite depuis les années 90, la direction de BNP Paribas rencontrera ce mercredi les syndicats, qui espèrent des propositions tant sur l’emploi que les conditions de travail et les salaires. «Il y a un problème de communication et d’explication qui crée de l’exaspération face à des dirigeants perçus comme uniquement préoccupés par leur coefficient d’exploitation», explique le syndicaliste.
Outre BNP Paribas et la Société Générale, les pôles de services financiers spécialisés de Natixis ont également enregistré un mouvement de grève le 3 décembre dernier. Motivé par les craintes sur les conditions du transfert des salariés entre ces entités et BPCE, le mouvement pourrait s’élargir dans le cadre des NAO en cours chez Natixis. Outre l’enveloppe des augmentations individuelles, la direction propose une hausse de 22.500 à 23.000 euros du salaire d’embauche et une prime de 400 euros pour les salaires inférieurs à 30.000 euros. Même constat chez LCL, où les syndicats demandent une hausse générale de 2% des salaires, là où la direction privilégie les augmentations individuelles. Les effectifs de LCL ont fondu d’environ 6.000 personnes entre 2015 et 2017.
«Pour l’heure, les négociations de branche au sein de l’AFB sont dans l’impasse, avec une proposition d’une hausse d’à peine 1% des minima salariaux», résume Mireille Herriberry, responsable FO banques et sociétés financières, qui ajoute que «l’AFB estime qu’elle n’a pas à se mêler de la politique salariale de ses adhérents. Cela contraste avec les annonces du gouvernement, qui souhaiterait justement que les branches en fassent plus pour le pouvoir d’achat».
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