Les sociétaires du Crédit Mutuel du Massif central ont, dans une très large majorité, voté pour le départ de la maison-mère Arkéa. Une mauvaise nouvelle de plus pour le groupe bancaire breton, en plein bras de fer avec le Crédit Mutuel CM 11 pour son indépendance.
Bien que la direction d’Arkéa fasse preuve d’un imperturbable stoïcisme face aux épreuves, il faut bien constater que l’accumulation de mauvaises nouvelles jette une ombre inquiétante sur son projet d’indépendance à l’égard de la confédération du Crédit Mutuel. Le déboire du jour concerne les sociétaires du Massif central qui ont décidé, à 85 %, de rester au sein du Crédit Mutuel, plus précisément sa principale composante Crédit Mutuel CM 11, et donc de quitter le groupe Arkéa auquel ils sont rattachés. La réponse du berger à la bergère, en quelque sorte. Surtout, la démonstration que le Crédit Mutuel, à défaut d’adopter une communication tapageuse, a su convaincre ces sociétaires que c’est bien lui qui représente la sécurité.
Du côté d’Arkéa on argue, à juste titre, que la composante du Massif Central est une entité de taille relativement modeste. Seulement, il n’y a pas que cela. Ainsi, il y a quelques jours, c’est la Banque centrale européenne (BCE), agissant comme superviseur bancaire, qui adressait un nouveau courrier réitérant un certain nombre de réserves sur le projet d’Arkéa. Et surtout, soulignant qu’il ne pouvait y avoir d’indépendance véritable sans l’acceptation par la confédération. Or, on sait que celle-ci n’est nullement disposée à s’y résoudre.
L’intersyndicale freine des quatre fers
Pour ne rien arranger, l’affirmation selon laquelle c’est une Bretagne unie et indivisible qui soutient les velléités d’autonomie d’Arkéa, se lézarde sérieusement. Preuve, l’avis défavorable exprimé, le 18 octobre, par l’intersyndicale (CFDT, SNB et Unsa). « Le projet porté par les dirigeants demeure dans un flou juridique et ne lève aucune incertitude sur le devenir économique et social du groupe, » expliquait-elle. Un sentiment partagé par des sociétaires regroupés au sein de l’association Restons mutualistes, animée par l’ancienne ministre, Marylise Lebranchu.
La direction d’Arkéa ne peut donc plus se contenter, comme elle l’a fait jusqu’alors, d’apporter des réponses lapidaires aux objections qui s’expriment de la sorte. D’autant que, si les sociétaires ont très majoritairement approuvé son intention à l’occasion d’un vote de principe, au printemps, ils attendent maintenant que le projet complet soit enfin dévoilé, après avoir été préalablement validé par les autorités compétentes. Un projet qui tarde à venir, sachant que le schéma de la future organisation esquissé en juin n’a guère convaincu. L’hypothèse d’un vote définitif des sociétaires initialement envisagé pour novembre, semble aujourd’hui des plus aléatoires.
« Ce que les responsables d’Arkéa disent craindre de la confédération c’est exactement ce que nous considérons comme notre force », confiait récemment le dirigeant d’un autre grand établissement mutualiste.
Arkéa, fort de sa réussite, a su mobiliser l’opinion publique bretonne. Il lui reste encore à convaincre du bien-fondé de sa démarche et de sa capacité à installer un rapport de force qui ne lui est pas forcément aussi favorable qu’on a pu le considérer.
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