Les organisations représentatives de la banque mutualiste ont demandé le déclenchement de l’accord-cadre sur la gestion anticipée des restructurations.

Pour la première fois depuis son entrée en vigueur en 1990, l’accord-cadre sur la gestion anticipée des restructurations du Crédit Mutuel a été activé. Inquiètes des répercussions d’une sécession d’Arkéa sur l’emploi, les organisations syndicales représentatives de la banque mutualiste ont en effet demandé hier son déclenchement au Comité de groupe confédéral. Une Commission paritaire confédérale de l’emploi (CPCE) se réunira pour la première fois le 19 septembre.

«Sur demande de l’intégralité des organisations syndicales, devant la gravité de la situation et l’exacerbation du conflit, le Comité de groupe national (instance unique de représentation des salariés de toutes les fédérations du Crédit Mutuel, ndlr) a décidé de recourir à l’accord de branche Crédit Mutuel», détaille un communiqué. Ce conflit pourrait impacter de manière significative la stratégie économique ou l’organisation du Crédit Mutuel tout entier et compromettre la stabilité des emplois dans l’ensemble du groupe». Hors fédération du Massif central, qui souhaite rester dans le giron du Crédit Mutuel, Arkéa compte aujourd’hui environ 9.000 personnes, dont 6.500 dans ses réseaux.

Parallèlement à la bataille juridico-médiatique que se livrent Arkéa et la CNCM, l’organe central du groupe Crédit Mutuel, les syndicats ont rapidement émis des craintes quant à l’impact d’une sécession d’Arkéa. Au sein du groupe breton, certains salariés dénoncent cependant une position trop favorable à la CNCM des syndicats représentatifs et notamment de la CFDT, le syndicat majoritaire, dont Nicolas Théry a été secrétaire confédéral pour les questions économiques. Un syndicat «maison» défendant le projet d’indépendance, l’Association syndicale indépendante des salariés d’Arkéa (ASISA), est né il y a plusieurs mois et son secrétaire est une ex-déléguée syndicale de la CFDT.

Guerre commerciale en Bretagne

La demande des syndicats intervient alors qu’Arkéa a récemment précisé les risques liés à son projet d’indépendance dans son document de référence. Le document pointe notamment le «caractère inédit» de la manœuvre et des risques sur la mise à jour de l’agrément bancaire ou les futures émissions de parts sociales. L’exposé des risques relève aussi les enjeux commerciaux liés à la perte de la marque Crédit Mutuel. Cela conduirait à des implantations concurrentes Crédit Mutuel au futur Arkéa dans son bastion. Parallèlement, le groupe dissident souhaiterait de son côté se développer sur le territoire de la Bretagne historique, notamment en Loire-Atlantique, où est présent Crédit Mutuel CM11. A son crédit, Arkéa peut cependant mettre en avant des résultats flatteurs et un ratio de solvabilité CET1 très confortable de 18,3%.

Le CPCE, qui regroupera instances représentatives du personnel et directeurs des ressources humaines, y compris celui d’Arkéa, tentera d’apporter les «réponses nécessaires» aux problèmes d’emploi, selon une source. Un diagnostic sur les «conséquences que la restructuration pourrait avoir» sera établi et le processus pourra mener à d’éventuels plans de reclassement. Les différents comités d’entreprise au sein des deux fédérations concernées, celle de Bretagne et du Sud-Ouest, pourront aussi déclencher un droit d’alerte, qui obligerait l’employeur à porter des éclaircissements lors d’une procédure pouvant s’avérer fastidieuse.

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