L’année 2016 aura été difficile et atypique pour le Crédit Mutuel-CM11, le plus gros ensemble régional de la banque mutualiste, et maison-mère du CIC. Le groupe bancaire a généré « le meilleur bénéfice de son histoire » selon le directeur général Alain Fradin, à 2,4 milliards d’euros (+6,7% et +4,8% à périmètre constant), mais le cœur de son activité a beaucoup souffert des taux bas. Le pincement des marges ne se voit pas dans le produit net bancaire (PNB) du groupe, en hausse de 3,6% à 13,3 milliards d’euros, en raison de l’intégration de l’activité d’affacturage acquise auprès de General Electric et de la plus-value sur la vente des actions Visa Europe (voir les résultats annuels publiés jeudi soir).
[Résultats 2016 du Crédit Mutuel CM11]
Si l’assurance, la banque privée et les activités de marché ont réalisé de bonnes performances, la banque de détail du Crédit Mutuel (les 11 fédérations de l’Est) accuse un recul de 5,3% de ses revenus à 2,9 milliards et de 15,7% de son résultat net. « La baisse de la marge d’intérêt n’est pas compensée par la hausse des commissions », précise le groupe. Le CIC, à la clientèle davantage pros et entreprises, a mieux résisté, son PNB est stable à 3,2 milliards et son résultat net progresse à 654 millions d’euros (+8%).
Si les encours sont en hausse, les 11 fédérations de l’Est ont même perdu un peu de clients (-70.000 en net à 6,88 millions de clients), du fait de la loi Eckert sur les comptes inactifs principalement, a justifié le président du groupe, Nicolas Théry, lors d’une conférence de presse ce jeudi : « des classes avaient ouvert des comptes pour des cagnottes par exemple ». Il n’a en revanche « pas vu demouvements importants défavorables » depuis l’entrée en vigueur de la loi Macron sur la mobilité bancaire.
[Nombre de clients du réseau bancaire Crédit Mutuel-CM11]
70 agences en moins en trois ans
Dans cet environnement difficile, la plupart des grandes banques, même coopératives, engagent de drastiques plans de réductions des coûts et de la voilure (la Société Générale et BPCE vont en supprimer 400). Ce n’est pas la philosophie affichée au Crédit Mutuel-CM11, où « les profits d’aujourd’hui sont les investissements et l’emploi de demain, ils sont mis en réserve, le cash-out n’est que de 2% ou 3% » a rappelé le président du groupe.
« Nous avons un peu plus de 4.500 points de vente, y compris le CIC (1.982 agences). Notre réseau vit, en fonction des évolutions démographiques, se développe dans les zones en croissance comme le pourtour méditerranéen, se réduit dans la Meuse ou la Haute-Saône. Nous avons diminué de 70 points de vente en trois ans. Nous n’avons pas de plan de réduction du réseau » a insisté le président du groupe. « A ce débat qui agite le secteur, nous répondons que les points de vente sont des lieux de relations physiques, téléphoniques et numériques avec les clients. Le juge de paix ce ne sont pas les frais généraux c’est le PNB. S’il y a une bonne dynamique commerciale, nous n’avons pas de point de vue ayatollesque sur les points de vente.»
Mais il y aura des fermetures par regroupement, y compris dans « le berceau historique alsacien » où il y a « une multitude de petits points de vente » : les travaux d’accessibilité qui coûtent au minimum 200.000 euros « sont parfois le coup de grâce » a expliqué Alain Fradin.
Nicolas Théry a défendu le modèle décentralisé de la banque, garant d’une relation client d’une meilleure réactivité, en complément de bons outils numériques.
« Chez nous, le dossier ne monte pas, comme on dit : il reste dans la caisse locale, où sont prises 98% des décisions. Nous faisons le pari de la responsabilité, de chaque entité et chaque salarié, c’est gagnant pour le client et la maîtrise des coûts. »
La Tribune
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