Le groupe Crédit Mutuel a présenté ses résultats financiers jeudi. Sans surprise, le groupe mutualiste de banque et d’assurances a terminé l’année 2017 avec un résultat net de plus de 2 milliards d’euros. Ils viendront s’ajouter aux quelques 40 milliards de fonds propres dont dispose le groupe. Mais pour quoi faire ?
Les dirigeants du Crédit Mutuel Centre-Est Europe avaient le sourire jeudi 22 février, à l’occasion de la présentation des résultats financiers du groupe mutualiste basé à Strasbourg. Encore une fois, le résultat consolidé de groupe Crédit Mutuel CM11 (qui agrège toutes les caisses adhérentes à la caisse fédérale centre-est Europe) termine l’année 2017 avec un résultat net de 2,4 milliards d’euros après impôts.
Et encore, ce résultat net est en retrait (-10,5%) par rapport à l’an dernier, le groupe avait engrangé 2,6 milliards d’euros en 2016… après 2,5 en 2015, 2,4 en 2014, etc. Raison de ce retrait relatif ? Une bête surtaxe de près de 300 millions d’euros, imposée par le gouvernement en novembre pour compenser l’inconstitutionnalité de la taxe sur les dividendes. Sans cette augmentation de leur imposition (+40%), le groupe aurait encore battu son record de rentabilité puisque son résultat d’exploitation est en augmentation de 8,5% à 4,7 milliards d’euros.
Que faire avec 41 milliards d’euros ?
Fin 2017, les fonds propres du groupe Crédit Mutuel CM11 s’établissent à… 41 milliards d’euros. Mais à quoi sert tout cet argent ? Rappelons qu’avec trois fois moins, l’entrepreneur Elon Musk a entrepris de coloniser Mars. Pour Nicolas Théry, président du Crédit Mutuel CM11, on n’est jamais trop prudent :
« C’est la Banque centrale européenne qui nous oblige à disposer de fonds propres importants, pour garantir nos encourts. Ces 41 milliards d’euros peuvent apparaître comme beaucoup d’argent, mais en réalité, ils servent de gage pour les quelques 600 milliards d’euros que nous prêtons aux entreprises et aux particuliers. Et si cette somme fait de nous le premier groupe français, nous ne sommes plus au sommet de la pyramide à l’échelle européenne ou mondiale. En outre, en tant que groupe mutualiste, nous ne pouvons pas faire appel à des actionnaires en cas de gros coup dur. »
Le Crédit Mutuel entend donc continuer comme ça aussi longtemps que possible, c’est-à-dire en proposant à ses quelque 24 millions de clients un mix de services bancaires, d’assurances, de téléphonie et d’autres services de proximité. Sa stratégie 2019-2023 s’appelle « ensemble #nouveaumonde »… et l’idée est de diversifier les activités du groupe afin de ne pas se laisser enfermer dans un univers bancaire qui pourrait rapidement s’effriter.
Pas de technologisme au Crédit Mut’
En introduction jeudi, Nicolas Théry a eu un petit mot pour rappeler qu’Amazon commence à proposer des services bancaires et d’assurances… Signe que les temps de la banque à papa sont bien révolus et que le groupe a intérêt à rapidement trouver d’autres positions. Pour le président du groupe, pas question de céder au tout-technologique cependant :
« Nous n’avons pas proposé de banque tout en ligne. Nous pensons que le modèle d’avenir mêle des services accessibles dans l’univers numérique avec une présence physique. Nous avons un réseau de 4 000 agences. Notre objectif n’est pas d’en fermer le plus possible mais plutôt de profiter de ce réseau pour qu’il vienne en complémentarité avec le réseau numérique. Nous avons déployé Watson, un système d’intelligence artificielle qui aide les conseillers, mais pas pour supprimer des conseillers, plutôt pour que ces derniers puissent passer plus de temps avec nos clients. »
Si ces mêmes conseillers pouvaient être un peu mieux payés à l’occasion, ils ne seraient sûrement pas contre non plus.
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