Ronan Le Moal, directeur général de Crédit Mutuel Arkéa pilote le plan de transformation de la banque. Il présente les grandes lignes d’une stratégie originale.
« Sud Ouest » Comme les autres banques Crédit Mutuel est engagé dans une transformation, en quoi êtes vos ambitions sont-elles différentes de celles de la concurrence??
Ronan Le Moal Quand on regarde dix ans en arrière on se rend compte que la transformation a été permanente pour nous, banquiers. Il y a eu à s’adapter à un choc réglementaire, qui a mis à mal notre modèle économique suite à la crise financière. Il a fallu ensuite s’adapter à un client qui a repris le pouvoir, notamment grâce à la technologie.
Nous avons besoin de ré-enchanter la banque, de faire rêver les consommateurs. Crédit Mutuel ne veut pas seulement être un banquier qui subit la digitalisation, qui suit les tendances. Le digital on sait faire, la fintech et les néobanques on sait ce que c’est depuis longtemps puisque nous avons acheté Fortuneo il y a onze ans… alors qu’on ne parlait pas encore de Fintech d’ailleurs…
Que voulez vous devenir alors ?
Nous devons redevenir des commerçants comme les autres.
C’est à dire??
On nous a trop longtemps comparés aux médecins de famille, sauf qu’on se contentait un peu trop de lire le Vidal… nous avions oublié le conseil. Notre valeur, demain, elle ne sera plus dans le produit financier mais dans le conseil. Nous ne vendrons plus du crédit immobilier mais nous vendrons un projet. On doit, par exemple, être capable de mettre en relation le client d’un prêt immobilier avec un constructeur?!
C’est dans notre capacité à accompagner les clients dans leurs projets que résidera notre marge, notre vraie valeur. Il nous faut être les Amazon de la banque, il ne faut laisser aucun approximation dans la relation client. Il faut développer une véritable obsession de la qualité relationnelle au client. »
Ce n’est donc pas la fin des agences physiques donc??
Chez nous?? Non?! Nous profitons, aujourd’hui, de ce qui était une faiblesse passée, notre maillage national de 450 agences seulement, que nous avons développé uniquement en fonction de nos gains de parts de marché.
Nous ne sommes pas en sureffectif par rapport à certains concurrents. Au contraire, nous sommes encore une banque de taille modeste, capable de s’adapter très vite voire anticiper les évolutions du marché, c’est un atout magnifique. Le régulateur aimerait voir des banques taille XL, mais je maintiens que pour pivoter, s’adapter, expérimenter et oser, nous devons rester légers.
La petite taille de Crédit Mutuel est son principal atout. Nous sommes en train de redevenir le banquier du coin, comme le commerçant du coin, un acteur de proximité.
Publié le par Pascal Rabiller
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