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La startup, dans laquelle Crédit Mutuel Arkéa a investi 3 millions d’euros en octobre, lance une assurance-vie en ligne en partenariat avec Suravenir et la société de gestion Carmignac. Elle vise les 12 millions de foyers qui voudraient du conseil pas cher pour leur épargne, sur un marché déjà très bataillé.

Bousculer les acteurs traditionnels de la finance, mais s’associer tout de même à certains d’entre eux pour percer : c’est décidément la tendance dans le monde de la Fintech. La toute jeune plateforme Grisbee, dans laquelle Crédit Mutuel Arkéa a investi 3 millions d’euros en octobre dernier, a l’ambition de « démocratiser la gestion de patrimoine » et lance son premier produit, de l’assurance-vie en ligne, à son nom, mais en partenariat avec Suravenir (filiale d’Arkéa) et la société de gestion Carmignac. La startup ne touche pas elle-même au « grisbi » : elle est un distributeur, avec lequel Suravenir a souscrit une convention de courtage classique.

« Grisbee Vie est une offre nouvelle génération car elle est 100% digitale, de la souscription par signature électronique à la gestion, avec une tarification très compétitive, sans frais d’entrée ni d’arbitrage, juste 0,6% de frais de gestion annuels et 0,2% de plus en cas de gestion pilotée par Carmignac. Nous sommes les premiers à proposer en ligne la gestion par cette maison sérieuse et prestigieuse, l’un des principaux acteurs européens de la gestion d’actifs » a fait valoir Maxime Camus, le directeur général et cofondateur, lors d’une conférence de presse vendredi.

Il existe déjà de nombreuses offres d’assurance-vie en ligne, d’ING Direct à Fortuneo (filiale d’Arkéa), ainsi qu’une autre startup dans laquelle Arkéa a investi, la société de gestion de portefeuille en ligne Yomoni, mais dont l’assurance-vie est uniquement en fonds indiciels (« trackers » ETF). Grisbee s’engage à avoir « les frais les plus bas et pas de frais cachés » et son contrat est accessible à partir de 1.000 euros comme versement initial.

Algorithmes et bilan patrimonial
Le site ne sera pas mono-produit, promettent ses dirigeants, mais se présente comme un « coach financier digital » à bas coût pour le grand public.

« Nous avons d’abord lancé il y a quatre ans un premier site Finansemble, avec un outil defiscalisator qui a créé beaucoup de buzz », a expliqué Maxime Camus, l’un des quatre cofondateurs, un quadra, ex-consultant chez CapGemini. « C’était la première brique de Grisbee qui permet de faire un check-up de sa santé financière en ligne, à travers des algorithmes et des moteurs de calcul et de recommandation que nous avons développés nous-mêmes. Nous ne mettons pas des produits en avant d’emblée.»

Grisbee a « encapsulé » l’agrégateur de comptes Linxo (une autre startup dans laquelle a investi Arkéa) et propose un tableau de bord complet du patrimoine, financier, immobilier et professionnel de l’utilisateur, avec des indicateurs sur la diversification, le rendement, etc. Deux mois après son lancement grand public, elle revendique 4.000 utilisateurs, presque tous gratuits. L’objectif est de leur faire souscrire des options payantes (les abonnements vont de 5 à 50 euros par mois). Elle espère en séduire 20.000 dans les deux à trois ans. Si la startup met en avant sa technologie, elle ne se définit pas comme un robo-advisor, ces robots-conseillers : dans l’équipe de 12 personnes installée près de Versailles, il y a de vrais conseillers en gestion de patrimoine qui peuvent répondre par tchat, e-mail ou téléphone, et dresser un bilan patrimonial ou retraite personnalisé (en option payante).

« Nous nous adressons au plus grand nombre, notre cible c’est 12 millions de foyers, en écrêtant les plus fortunés et en déduisant les non-imposables » a indiqué le directeur général.

« Exaspérés » par le banquier « vendeur de produits »
Le cofondateur de cette Fintech ne dédaigne pas un peu de provoc’ :

« Quand on est en face de son banquier, on a l’impression d’avoir plutôt un vendeur de produits qu’un conseiller, sauf quand on est un client aisé. Grâce aux nouvelles technologies, on veut offrir du conseil patrimonial de qualité accessible à tous » a-t-il lancé vendredi.

Les voilà pourtant désormais eux aussi vendeurs de produits. Sur leur site, les quatre associés, qui ont gardé la majorité du capital (Arkéa détiendrait environ 30%), y vont encore plus fort : « Nous sommes quatre épargnants exaspérés par l’absence de conseils financiers simples et pertinents » écrivent-ils.

Un banquier a souscrit à cette vision « disruptive » : le directeur général d’Arkéa (fédérations de Bretagne, du Massif Central et du Sud-Ouest de Crédit Mutuel), Ronan Le Moal, qui tient lui-même un discours sur « le métier de coach financier et l’accompagnement de projets de vie » que doit apporter une agence à son client « et pas la vente de produits ».

« Nous sommes dans une logique de partenariat, plutôt que de se dire ils vont disrupter, alors essayons de les combattre » a relevé Bernard Le Bras le président du directoire de Suravenir, tout en confiant « j’ai moi-même remplacé mon fichier Excel pour gérer mes finances par l’outil de Grisbee !»

Dans cet univers à la concurrence multiforme, des banques en ligne aux robo-advisors, l’équipe de professionnels confirmés comptent utiliser les fonds levés en octobre pour investir dans la technologie, en particulier l’intelligence artificielle, et recruter de nouveaux développeurs pour créer d’autres fonctionnalités et une application mobile.

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