Capture d’e?cran 2016-04-03 a? 10.52.39.pngOn dénombre 60 millions de comptes bancaires en France, dont 65 % ouverts dans des banques mutualistes. Pas étonnant : leur réseau d’agences est beaucoup plus dense que celui des banques classiques. Ce sont des entreprises privées dont l’objet est de réaliser des bénéfices, comme les banques classiques Et, comme elles encore, elles sont soumises aux dispositions du code monétaire et financier et relèvent de l’Autorité de contrôle prudentiel. Enfin, pour les clients, les règles de garantie des dépôts (la sécurité de votre argent si la banque périclite) sont identiques. Des différences existent mais elles sont de plus en plus minces…

En France, les banques mutualistes sont nées sous l’influence de philosophes désintéressés, notamment Charles Fourier et Joseph Proudhon, en réaction aux méfaits du capitaliste, au premier chef la pauvreté. Et aussi pour contourner les comportements des banques commerciales capitalistiques qui, outre une sélection sévère des clients, avaient une fâcheuse tendance à ignorer les territoires ruraux pour concentrer leurs implantations dans les villes.

Pendant plusieurs décennies, la coupure est restée nette entre les banques des champs d’un côté, autrement dit les banques mutualistes comme le Crédit Mutuel, le Crédit Agricole, appelé aussi la banque verte car dédiée à l’origine au monde agricole, les Banques Populaires et les Caisses d’Epargne, et de l’autre les banques des villes avec les « trois vieilles », à savoir le Crédit Lyonnais (rebaptisé LCL), BNP Paribas, et la Société Générale. Mais le paysage change à partir des années 1960 : les banques mutualistes investissent les villes tandis que les banques classiques s’installent massivement dans les campagnes. De sorte que, désormais, tout Français, quel que soit son lieu de résidence, accède facilement à la fois au réseau des banques mutualistes et à celui des banques classiques.

Que reste-t-il aujourd’hui de la distinction d’origine entre les banques coopératives mutualistes, le véritable nom des banques mutualistes, et les autres ? Plus grand-chose, diront certains. D’autant que des banques mutualistes sont en société anonyme (SA), la forme juridique la plus capitalistique de tout le droit français. Qu’une banque commerciale peut appartenir à une banque mutualiste. C’est le cas de LCL, filiale du groupe Crédit Agricole. Que les tarifs des services aux particuliers et aux entreprises ne sont pas franchement moins élevés…

Reste que les banques mutualistes sont généralement régionales, chacune couvrant un territoire précis, composé souvent d’une ou deux régions. Par exemple, la Banque populaire Bourgogne-Franche-Comté. Et ces banques régionales ont une grande autonomie : entre autres, elles peuvent fixer leurs propres tarifs. Ainsi, le Crédit Agricole Brie Picardie n’a aucun lien juridique avec le Crédit Agricole du Finistère, et leurs tarifs sont différents. Mais le contre-exemples existent ? Vieille banque mutualiste, le Crédit Coopératif, filiale des banques populaires, a une compétence nationale et pratique les mêmes tarifs sur l’ensemble du territoire.

Une gouvernance originale

Les banques mutualistes ont des sociétaires (et non pas des actionnaires), c’est à dire des clients qui détiennent des parts sociales , une part de capital donc, et sont ainsi associés de la banque. Ce qui fait dire à une fameuse publicité d’une banque mutualiste que « les clients sont propriétaires de leur banque » et de mettre en exergue la fabuleuse démocratie selon le principe « une personne, une voix », quel que soit le nombre de parts sociales possédées. Ainsi, au Crédit agricole, les sociétaires élisent les dirigeants de leur caisse régionale, qui désignent leurs représentants à la fédération nationale du Crédit Agricole, sorte d’instance de réflexion.

Pas sûr pourtant que cette différence juridique entre le statut de client-sociétaire d’une banque mutualiste et de client d’une banque avec actionnaires soit ressentie au quotidien par les clients. Certaines banques mutualistes se distingueraient toutefois en accordant plus facilement des prêts aux entreprises locales.

Michèle Auteuil – Capital

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