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Selon une étude de Citi, plus de 30% des effectifs bancaires devraient disparaître en Europe d’ici 2025. En France, 1 agence sur 2 pourrait être amenée à fermer d’ici là. Du jamais vu dans ce secteur plutôt habitué à recruter à tout va.

L’annonce de la mort des banques est un peu l’arlésienne du secteur de la finance. En 1994 déjà, Bill Gates décrivait dans Business Week les banques comme des dinosaures en voie d’extinction. Les établissements financiers allaient, selon lui, être remplacés par les géants des high-tech. Si le faire-part de décès a sans doute été envoyé un peu tôt, les banques semblent désormais vraiment à l’aube de la plus violente transformation de leur histoire.

Selon une étude de Citi Group, le secteur bancaire devrait perdre 1,8 million d’emplois en Europe et aux Etats-Unis dans les 10 prochaines années. Et c’est l’Europe qui pourrait être la plus touchée. Aujourd’hui, les banques du vieux continent emploient près de 2,9 millions de salariés (équivalent temps plein pour être précis). En 2025, ils ne seraient plus, selon cette étude de Citi, que 1,82 million. Un hémorragie de plus de 1 million d’emplois en l’espace d’une petite décennie. La banque pourrait devenir la future « sidérurgie ».

Le réseau bancaire français divisé par deux?

Et c’est évidemment la banque de détail qui serait la plus touchée. Les 37.000 agences qui font travailler 220.000 salariés sont aujourd’hui trop nombreuses. Avec 1 agence pour 1.720 habitants, la France (et l’Europe du sud en général) est trop bien pourvue. L’étude relève que dans les pays du nord de l’Europe ainsi qu’aux Pays-Bas, le nombre d’agences bancaires par habitant est trois fois moins important qu’en Espagne et en Italie. Et deux fois moins qu’en France. Les experts de Citi voient donc les banques françaises se mettre progressivement au niveau scandinave. Ce qui suppose de réduire de moitié leur réseau d’ici à 2025.

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Pour l’heure, aucune banque n’annonce de telles purges. LCL a reconnu du bout des lèvres qu’elle envisageait de fermer 247 agences d’ici à 2020. 400 postes seraient concernés. Et en novembre, des syndicats de la Société Générale évoquaient la suppression de 1 agence sur 5 d’ici 2020. Ce que le groupe n’a jamais souhaité confirmer. On est encore très loin du scénario pessimiste imaginé par Citi. Car si vous réduisez de moitié le réseau des agences en France, comme le prévoit la banque américaine, vous supprimez grosso modo plus de 100.000 emplois. Ce qui constituerait une saignée sans précédent pour un secteur qui il n’y a pas si longtemps était considéré comme l’un des plus dynamiques en matière d’emplois. En 2014, le secteur bancaire a créé 35.000 emplois en France.

Le smartphone à l’origine du big bang

Et la raison d’un tel big bang est évidente: la généralisation du smartphone et de l’internet mobile. Si les usages en ligne s’étaient relativement peu développés avec la première vague de l’internet (l’ère du PC), le smartphone est en train de rendre l’agence bancaire obsolète. Ainsi selon le baromètre Deloitte de la relation banques-clients, 24% des Français n’utilisent plus jamais les services de leur agence bancaire. Et ce chiffre a augmenté de 10 points en un an. Pire, un tiers des Français estiment être plus compétents que leur conseiller bancaire pour tout ce qui concerne la gestion quotidienne de leur budget. En dehors des prêts et des placements, les Français pensent pouvoir purement et simplement se passer de banquier.

Or toute cette infrastructure d’agences et de conseillers bancaires sont un poids pour les groupes bancaires et les clients. « Ces coûts de structure, les banques les répercutent sur leurs clients, les particuliers (à travers les frais bancaires) et les commerçants (à travers les frais de carte bleue, 2 à 3% du prix de vente), explique Philippe Herlin, économiste spécialiste du monde bancaire. Les clients considèrent, à juste raison, qu’ils payent trop cher ces services bancaires. Ce qui décide les banques à se restructurer aujourd’hui, c’est l’arrivée de nouveaux concurrents. »

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Des acteurs issus du monde de la tech. Que ce soit dans le paiement en magasin (Apple Pay et autres), en ligne (Paypal, le paiement via Facebook Messenger etc.), le financement (avec le crowdfunding et le crowdlending), le transfert d’argent ultra-rapide (Alibaba a lancé AliExpress) et même la banque de détail généraliste (l’arrivée de nouveaux acteurs comme Orange...), la banque traditionnelle est acculée de toutes parts.

Mais si ces nouveaux acteurs s’attaquent au monopole des banques, ces dernières ont bon espoir de garder la main sur leurs clients. Elles estiment que la disruption qui vient se fera au sein des acteurs traditionnels. « Le développement des banques en ligne est fort mais les gens ont besoin de confiance et de marques connues, estime Christophe Chazot, le directeur mondial de l’innovation au sein de HSBC. La transformation se fera mais à un rythme moins grand que dans d’autres secteurs comme le commerce par exemple. » Si les banques semblent être condamnées à réduire la voilure, elles restent persuadées qu’elles seront les moteurs de la révolution digitale. Des dinosaures peut-être, mais en voie d’évolution, pas d’extinction.

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