Le moteur de recherche d’emploi Indeed a analysé le degré de satisfaction professionnelle de la population active de 35 pays. La France fait partie de ceux qui ont obtenu les scores les plus bas.
Dans quels pays les salariés sont-ils les plus heureux ? Et pour quelles raisons ? Le moteur de recherche d’emploi Indeed, qui a analysé le degré de satisfaction professionnelle de la population active de 35 pays, répond à ces questions dans son dernier rapport «?Job Happiness Index?».
En tête des pays ayant obtenu les meilleurs résultats se trouvent la Colombie, le Mexique, la Russie, l’Irlande et le Brésil. Pour obtenir ce classement, le moteur de recherche Indeed, qui offre la possibilité aux internautes de noter les entreprises pour lesquelles ils travaillent ou ont travaillé, a analysé les données sur les sociétés regroupant au moins 1.000 évaluations sur le site.
Les salariés des pays riches pas les plus heureux
« ?Les résultats sont très surprenants?», commente pour les «?Echos?» Tara Sinclair, chef économiste chez Indeed. «?Les gens ont tendance à penser que les pays riches sont ceux où les salariés sont les plus heureux, mais ce n’est pas le cas?», explique-t-elle.
Selon elle, le fait de travailler dans un pays où il est difficile de trouver un emploi contribue par exemple à la satisfaction professionnelle. C’est le cas pour la Colombie, l’Espagne, où le taux de chômage est supérieur à 20 % , et le Venezuela, où il devrait dépasser les 18% cette année , qui figurent dans le top 10 des pays où les salariés se disent les plus heureux au travail. Les pays qui connaissent une période de récession comme la Russie et le Brésil sont aussi en haut du classement.
La France, 4e pays où les salariés sont les plus malheureux
Plusieurs importantes économies mondiales se situent aux antipodes, renforçant cette idée que la richesse du pays ne garantit pas le bonheur au travail. Le Japon, l’Allemagne et la France font partie des pays ayant obtenu les scores les plus bas en termes de satisfaction professionnelle.
La France est même le quatrième pays où la population active est la plus malheureuse au travail, indique le rapport d’Indeed, qui s’est basé sur plus de 192.000 évaluations françaises. Une affirmation qui tranche avec un sondage réalisé par OpinionWay auprès de 1.012 salariés français représentatif de la population française en octobre 2015, qui indiquait que 69 % des Français sont heureux au travail.
Tara Sinclair n’est en revanche pas surprise de voir le Japon prendre la première place de ce classement des pays où la population active est «?la plus malheureuse?». Selon l’OCDE , 22,3% des salariés japonais travaillent plus de 50 heures par semaine (contre 8,2% pour les salariés français), rappelle-t-elle. En outre, les Japonais ne prennent en moyenne que 9 jours de congés par an.
L’équilibre vie privée-vie professionnelle déterminant
Les critères pris en compte dans l’évaluation des salariés ? La rémunération et les avantages financiers, le management, la sécurité de l’emploi et les possibilités d’évolution, l’équilibre vie privée-vie professionnelle et la culture de l’entreprise. De manière globale, c’est l’équilibre vie privée-vie professionnelle qui contribue le plus à la satisfaction au travail dans les 35 pays examinés par Indeed. Le salaire est le critère le moins significatif, signe de l’évolution des mentalités à l’égard du monde du travail.
Une récente étude du cabinet ADP réalisée dans huit pays auprès de 11.000 personnes ( «?The Workforce View in Europe?» 2015-16 ) témoigne également de cette tendance générale, indiquant que l’équilibre vie professionnelle-vie privée est le premier facteur de motivation des salariés Européens. En revanche, il ne s’agit que du deuxième critère pour les Français, d’abord intéressés par les avantages financiers à long terme.
Selon une étude de Deloitte et Cadremploi parue en avril 2015, près de six salariés français sur dix se déclaraient insatisfaits de leur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. En cause, notamment, les outils de communication modernes qui ont tendance à empêcher les salariés de déconnecter à la maison. Bientôt de l’histoire ancienne ? Un des rares passages non controversés du projet de loi El Khomri, présenté jeudi en conseil des ministres, fait référence au droit à la déconnexion des salariés . Une notion jusqu’à présent inexistante dans le code du Travail.