Il a résisté aux coups d’Etat internes, sport favori des groupes coopératifs, à la tempête financière de 2008 qui a envoyé valdinguer les patrons de banques comme des fétus de paille. Michel Lucas n’a cédé que devant le poids des années.
A 76 ans, casque de cheveux blancs et barre de sourcils noirs, le tout-puissant président de la Confédération nationale du Crédit mutuel passe le relais lundi 21 mars à Nicolas Théry, 50 ans, à qui il avait déjà transmis fin 2014 la présidence de CM11-CIC (les onze fédérations associées qui réalisent 83 % des 3 milliards d’euros de profits de la banque mutualiste).
Michel Lucas conserve une place de censeur mais il n’exercera plus de rôle opérationnel au sein du groupe bancaire qu’il avait rejoint il y a quarante-cinq ans. Ironie suprême, celui qui évite comme la peste les journalistes va se consacrer au groupe de presse régionale que le papivore a constitué au sein de la banque bleue (L’Alsace, L’Est républicain, Le Progrès, Le Dauphiné libéré…).
Le Breton mélomane, qui a bâti sa légende à Strasbourg, n’est pas à un paradoxe près.
L’un des meilleurs banquiers de sa génération n’est-il pas avant tout un génie de l’informatique ? N’a-t-il pas exfiltré, un à un, les vingt-quatre énarques trouvés dans la corbeille du CIC en 1998 – en énumérant à ses proches avec gourmandise « plus que dix », « plus que neuf » – pour choisir comme dauphin… un inspecteur des finances ?
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